La tension gronde sur les rives du Nil où la prochaine mise à l’eau du méga barrage hydro-électrique construit par l’Éthiopie est plus contestée que jamais par l’Égypte et le Soudan. La question est examinée ce mardi lors d’une réunion de la Ligue arabe, à la demande du Caire. Chacun des pays riverains considère que sa survie dépend de cet ouvrage. En bien ou en mal !
Par David B. Hauce
Le Nil est vital pour l’Égypte, il lui fournit 97% de ses besoins en eau ; c’est aussi une source majeure pour le voisin soudanais. Pour ces deux pays de l’aval, le barrage c’est donc le mal, c’est pourquoi ils guerroient depuis dix ans avec l’Ethiopie pour garantir leur accès à l’eau, un bien inestimable dans cette région du globe. En revanche l’ouvrage baptisé «Renaissance» par les Ethiopiens constitue un fabuleux gisement de développement pour le pays où le fleuve prend sa source.
L’Éthiopie qui s’apprête donc à commencer le remplissage des réservoirs à la saison des pluies, en juillet alors qu’il n’y a toujours pas d’accord sur la gestion des eaux. Son objectif : commencer à produire de l’électricité dès l’an prochain. À terme ce barrage fournira l’équivalent d’une fois et demie la production électrique actuelle de l’Ethiopie. De quoi couvrir la demande domestique, un foyer sur 2 est encore privé de courant, d’accompagner la prodigieuse croissance économique du pays et même de quoi exporter vers les voisins, Soudan compris.
Et ses voisins lui reprochent déjà de se comporter en pouvoir hégémonique en refusant de se soumettre à un engagement sur le passage d’un volume minimum d’eau en cas de sécheresse sévère. Avec le réchauffement climatique ce genre d’évènement va survenir de plus en plus fréquemment, une vraie calamité pour des pays aussi populeux. Les trois abritent 272 millions d’habitants et leur nombre va quasiment doubler d’ici trente ans. Cette bombe démographique rend les gouvernants égyptiens particulièrement nerveux. Les dernières discussions menées cet hiver sous l’égide de Donald Trump ont échoué. À la demande du Caire le Conseil de sécurité des Nations unies s’est saisi du dossier et hier, lundi, son porte-parole a appelé les trois pays à travailler ensemble pour résoudre pacifiquement leur différend.
C’est ce qu’affirme le milliardaire égyptien Naguib Sawiris. C’est un vrai risque selon Franck Galland. Cet expert des questions de sécurité lié à l’eau rappelle que lorsque Mohammed Morsi était président, une vidéo avait fuité sur YouTube, évoquant le recours à l’aviation égyptienne de combat, voire un soutien aux minorités pour alimenter les tensions en Ethiopie. Pour éviter le conflit, il faut trouver une solution financière pour aider l’Egypte. Car ce dont a urgemment besoin ce pays, suggère Franck Galland, c’est d’un plan Marshall pour limiter le recours aux eaux du Nil.
Un plan pour soutenir une agriculture moins intensive, moins dépensière en eau et pour construire des stations de dessalement. Donald Trump qui avait surpris la communauté internationale en voulant jouer les médiateurs, à la demande de l’Egypte, avait inscrit sa démarche dans une perspective économique en confiant le dossier non pas au secrétaire d’Etat mais à Steven Mnuchin, chargé du Trésor.
Le président américain a associé la Banque mondiale dans les négociations dans l’espoir d’aboutir à un accord avec des compensations financières pour l’Egypte. En vain, ce processus est aujourd’hui rompu. Etonnamment l’autre grande puissance très concernée par le dossier, la Chine reste très discrète. Le premier partenaire commercial de l’Ethiopie, son principal créancier bilatéral également, cherche sans doute à ménager l’Egypte dont elle s’est rapprochée depuis l’arrivée au pouvoir du général Sissi.
Au nom de la lutte contre le chômage les cartes vertes et certains visas de travail sont gelés jusqu’en 2021. Les cartes vertes avaient déjà été suspendues pour deux mois. Plus de 500 000 emplois qui auraient pu être accordés à des étrangers seront réservés aux Américains selon la Maison Blanche. Une décision motivée par la crise mais aussi par l’approche de l’élection présidentielle.
Une déclaration faite pour rassurée les marchés plombés par la petite phrase de Peter Navarro, le conseiller au Commerce international émettant des doutes sur la solidité de cet accord dit de phase 1.