Avec honneur fierté et dignité le Bénin avait été précurseur de la démocratie en Afrique. Le vent de l’Est, les discours de la Baule et l’effondrement du mur de Berlin ont été capitalisé à Cotonou par l’organisation de la première conférence nationale en Afrique dès 1990. C’est ce bel exemple qui vire au cauchemar avec l’arrivé de Patrice Talon. Alors, les Béninois ont du mal à s’y faire et de la peine à y croire.
Par Teddy Ossey
Un parlement sans aucune voix dissidente s’apprête à s’installer dans leur pays, comme à l’époque du parti unique. L’opposition dénonce une « décapitation de la démocratie » et appelle la population à la résistance. Ils étaient une vingtaine sur les 83 députés de l’Assemblée nationale sortante à tenir tête au pouvoir exécutif. Le nouveau parlement béninois, qui va se mettre en place le 16 mai, ne compte aucune voix dissidente. Aucun parti de l’opposition n’a été autorisé à présenter des candidats aux élections législatives du 28 avril.
Ils ne remplissaient pas toutes les conditions exigées par le nouveau code électoral. Résultat : seuls deux partis proches du pouvoir ont pris part à ce scrutin. « Le Bénin revient à l’époque du parti unique et de la pensée unique. Nous sommes en train de retourner à une période malheureuse de l’histoire de notre pays. C’est une décapitation de notre démocratie. Nous résisterons. Et c’est ça le mot d’ordre », explique le député de l’opposition Guy Dossou Mitokpé, membre de la Commission des lois dans le parlement sortant.
Ils sont nombreux, au sein de l’opposition et de la société civile, à dénoncer« le virage inquiétant » que prend leur pays. « Nous allons nous lever pour dénoncer ce parlement illégal et illégitime. Nous ferons appel à tous les partenaires techniques et financiers de notre pays pour qu’ils sanctionnent ce pouvoir », clame Ernest Adjovi, Secrétaire général de l’ONG Bénin mains propres. Une organisation qui lutte contre la corruption.
Tous mettent en cause le président du Bénin Patrice Talon, accusé de vouloir décapiter la démocratie dans leur pays. Les Béninois ont été littéralement stupéfaits. Personne ne s’attendait à ce qu’il prenne un tel virage, trois ans après son accession au pouvoir « On était loin de se douter qu’il allait prendre un virage de totalitarisme, d’autoritarisme, de despotisme. Le président pense qu’il doit être l’homme à tout diriger. Qu’il doit tout contrôler. Il a tout fait pour avoir la main sur toutes les institutions du pays. Il pense que la république doit pouvoir être dirigée comme une entreprise. Ce n’est pas possible parce qu’une nation, c’est l’acceptation des contre-pouvoirs. C’est l’acceptation des adversaires politiques ».
Au lendemain des élections controversées du 28 avril, l’église catholique béninoise a proposé sa médiation aux protagonistes de la crise. Son appel est resté lettre morte. Pour le pouvoir, ces élection ont été parfaitement réglementaires. Et gare à ceux qui tenteront de remettre en cause l’Etat et ses institutions, ont prévenu les autorités béninoises. Des menaces qui sont loin de refroidir ceux qui se préparent à la résistance.
Nous sortirons avec des étendards blancs pour dire que nous sommes pour la paix, mais que nous ne sommes pas pour la destruction programmée de notre démocratie a déclaré l’honorable Guy Dossou, député de l’opposition béninoise. Il poursuivra en disant : Nous continuerons nos manifestations de protestation pacifiques car pour nous la démocratie acquise de haute lutte par les Béninois est une aubaine et un héritage à défendre à tout prix.