Que penser des contours de la concertation nationale que le président camerounais appelle de ses vœux pour la fin septembre ? La question est posée.
Par Maurice Duteil
C’est mardi en fin d’après-midi sur les réseaux sociaux que l’annonce surprise du discours de Paul Biya a commencé par circuler : « Le chef de l’État tiendra une allocution à la nation à 20 heures. » Trois heures plus tard, le président camerounais a finalement annoncé la convocation fin septembre d’un « grand dialogue national » précisément sur le conflit meurtrier entre des groupes séparatistes de la minorité anglophone et les forces de sécurité dans l’ouest du pays. « J’ai décidé de convoquer, dès la fin du mois en cours, un grand dialogue national qui nous permettra d’examiner les voies et moyens de répondre aux aspirations profondes des populations du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, mais aussi de toutes les autres composantes de notre nation », a déclaré le chef de l’État.
Ce dialogue sera présidé par le Premier ministre Joseph Dion Nguté et rassemblera les différentes composantes sociales, y compris des représentants des forces de défense et de sécurité, ainsi que ceux des groupes armés, a assuré le chef de l’État, dont la parole est rare. En prélude aux assises, dont le lieu n’a pas été annoncé, le Premier ministre mènera de « larges consultations » et « des délégations [iront] dans les prochains jours à la rencontre de la diaspora », a indiqué le président camerounais.
Ce qu’il faut savoir c’est que depuis novembre 2016, les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest sont confrontées à une grave crise sociopolitique, les populations originaires de ces zones s’estimant marginalisées. Il y a plus d’un an, celle-ci a dégénéré en conflit armé entre séparatistes en lutte pour la création d’un État anglophone indépendant et soldats. La minorité anglophone représente un peu plus de 16 % de la population du Cameroun.
Dans son discours, Paul Biya a aussi réitéré son offre de pardon aux séparatistes armés qui déposent volontairement les armes mais promis à ceux qui s’y refuseraient de subir toute la rigueur de la loi et de faire face aux forces de sécurité et de défense.