Dans un livre, Benoît XVI met la pression sur le pape François, à quelques jours d’une décision importante sur le célibat des prêtres.
Par David B. Hauce
Au moment de sa renonciation en 2013, il avait fait la promesse de se réfugier dans le silence et la prière. Mais une fois de plus, le « pape émérite » Benoît XVI a provoqué de vifs remous dans la cité du Vatican. Dans un ouvrage qui sort ce mercredi : Des profondeurs de nos cœurs et dont les premiers extraits ont été publiés dimanche dernier. Joseph Ratzinger, 92 ans, réaffirme son attachement au célibat des prêtres. Un »cri d’alarme » perçu chez les vaticanistes comme une mise en garde à l’attention de son successeur, le pape François.
En effet, la date de sortie de l’ouvrage ne doit rien au hasard. En octobre dernier, un synode à Rome a évoqué la possibilité d’ordonner prêtres des hommes déjà mariés, et ce dans les zones reculées de l’Amazonie, pour pallier le manque de vocations. Et c’est précisément dans les semaines à venir que le souverain pontife, Jorge Mario Bergolio, doit trancher cette épineuse question qui divise le clergé. Outre le timing, le coauteur de l’ouvrage, aux côtés de Ratzinger, n’est pas un inconnu : Robert Sarah, cardinal guinéen, occupe sur nomination de François l’influent poste de préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements. C’est en outre l’une des figures des ultraconservateurs de la curie romaine, qui goûterait peu les timides élans réformateurs du pape argentin.
»Le célibat est indispensable. Je ne peux pas garder le silence », justifie l’ancien cardinal bavarois, que l’on dit très affaibli par l’âge. »La capacité de renoncer au mariage pour se rendre totalement accessible au Seigneur est devenue un critère du ministère sacerdotal », défend-il. Bien que l’ordination d’hommes mariés puisse être très limitée, pour le cardinal Sarah, les conséquences seront lourdes : »Tout affaiblissement du principe du célibat, même limité à une seule région, ne saurait être une exception mais une rupture, une blessure dans la cohérence interne du sacerdoce ».