M. Ouattara, où va donc l’argent de croissance économique ? Le renouvellement de la Carte nationale d’identité coûtera 5000 FCFA à chaque Ivoirien et chaque Ivoirienne. Cette information irrite les Ivoiriens au point de penser que le président Ouattara doit incontestablement se réjouir, comme sur cette photo, quand ils sont financièrement éprouvés.
Dans un contexte de conjoncture économique favorable, avec une croissance économique durablement positive, les Ivoiriens n’ont droit à aucun cadeau. Ils doivent tout payer. Incompréhensible ! Les exemples de « rackettage gouvernemental » sont malheureusement légion : refus du gouvernement de financer la période de carence de 3 mois de la CMU, obligeant les bénéficiaires dont essentiellement les fonctionnaires à cotiser pendant 3 mois sans prestations, droits d’inscription exorbitants aux concours publics, droits d’inscription élevés des nouveaux bacheliers, renouvellement payant de la CNI, etc. On est bien curieux de savoir à quoi sert la croissance économique ?
Quand il y a une croissance économique, c’est que d’une année à une autre, la richesse du pays a augmenté. Mécaniquement, le pays a réalisé des excédents. Dans les pays sérieux en matière de bonne gouvernance, ces excédents servent à financer des réformes structurelles, des infrastructures économiques, dans bien des cas à financer un éventuel déficit budgétaire ou à faire des cadeaux fiscaux et autres exonérations aux populations les plus démunies. Curieusement, en Côte d’Ivoire, malgré la croissance économique, on se surendette au point d’avoir un déficit budgétaire supérieur à la limite des 3 % dans l’espace UEMOA, on rackette le citoyen, même pour la dépense publique la plus régalienne.
À la vérité, depuis que M. Ouattara est aux affaires, aucune réforme structurelle nécessitant un financement important n’a été faite. C’est tout de même bizarre pour un technocrate, mais passons ! Les infrastructures économiques sont quant à elles financées à crédit ou dans le cadre d’un partenariat public-privé. L’argent de la croissance économique ne sert donc pas à financer ces ponts et autres routes. À titre d’exemples, le 3ème pont a été essentiellement financé par le privé qui se fait rembourser sur les recettes.
Le 4ème pont, de nombreux échangeurs et 87 km de voies sont essentiellement financés grâce à un prêt global de la BAD de près de 505 milliards de FCFA. Plus spécifiquement, le 4ème pont d’un coût de 142 milliards de FCFA est financé grâce à un prêt de la BAD de 103 milliards de FCFA sur 30 ans, soit 72 % du financement. D’autres échangeurs dont celui de la Solibra sont financés grâce à un prêt d’un peu plus de 72 milliards de FCFA du Japon.
On s’aperçoit très clairement que les infrastructures économiques dont se vante le gouvernement sont financées largement à crédit. Encore une fois, où va donc l’argent de la croissance économique si les Ivoiriens doivent tout payer et la Côte d’Ivoire s’endetter lourdement? Une autre question à se poser et à poser discrètement au gouvernement tant elle taraude l’esprit et gêne: cette croissance qui ne sert pas les Ivoiriens n’est-elle pas, en réalité, fictive ?