La 50e édition du Forum économique de Davos s’est ouverte hier lundi 20 janvier 2020 en présence d’Ursula von der Leyen, nouvelle présidente de la Commission européenne. En 50 ans, ce forum s’est imposé comme un rendez-vous important du monde des affaires et de la classe politique, sans échapper à de multiples critiques.
Par David B. Hauce
Après un demi-siècle, le Forum de Davos est toujours vivant. Alors que la 50e édition a commencé hier lundi 20 janvier 2020, la recette qui fait son succès reste la même. Dans une station des Alpes, pour cinq jours, 3 000 grands dirigeants d’entreprises, chefs d’États et de gouvernement sont réunis pour débattre des grandes évolutions du monde.
Depuis la première de ces réunions, tenue en 1971, le Forum de Davos reste organisé par Klaus Schwab, professeur de management à l’Université de Genève. Il est désormais épaulé par une fondation dont le siège est à Genève et qui emploie 800 personnes. Le sommet est financé par la cotisation d’un millier d’entreprises, ainsi que par les participants qui payent cher leur ticket d’entrée, jusqu’à plusieurs dizaines de milliers d’euros.
Les grands invités sont toujours accueillis par Klaus Schwab, 81 ans. Il donne aux débats ce ton urbain et universaliste qui est sa marque de fabrique. Le Forum reste fidèle à sa devise : ‘’dédié à rendre le monde meilleur’’.
À ses débuts, la rencontre n’affichait pas une telle ambition : elle durait deux semaines et réunissait des universitaires et chefs d’entreprise. Le professeur Schwab, gagné aux principes de l’économie sociale de marché, cherchait à promouvoir l’idée que les entreprises doivent se montrer plus responsables. Il espérait faire émerger une autre forme de capitalisme.
Puis le forum s’est ouvert aux dirigeants politiques. Davos est alors devenu un lieu de diplomatie : on a pu ainsi y voir en 1992 le président sud-africain De Klerk et Nelson Mandela, ou bien Shimon Peres et Yasser Arafat en 2001. C’est aussi la tribune où les nouveaux venus viennent chercher une reconnaissance internationale, tel Jair Bolsonaro l’an dernier après avoir été élu par surprise à la tête du Brésil.
Davos a l’originalité de mettre en présence des grands patrons, des financiers, des hommes politiques et quelques universitaires de renom. C’est aussi un endroit ouvert aux pays émergents : oligarques russes, financiers arabes ou grands patrons chinois y sont nombreux.
Les participants viennent côtoyer de hautes personnalités, sentir les tendances et se créer des relations utiles, dans une ambiance qui facilite les rapprochements. « Je viens à Davos pour tester des idées et trouver de l’énergie. C’est important d’avoir un endroit où des gens d’horizons très différents parviennent à se parler, au moment où la planète se disloque, même s’il ne faut pas se laisser aveugler… », Explique Bertrand Badré, ancien directeur général de la Banque Mondiale, aujourd’hui à la tête d’un fonds d’investissement à impact social et qui fait le déplacement tous les ans depuis 2014.
Plus lapidaire, un grand banquier a résumé l’événement d’une formule : « Davos, c’est cette réunion où des milliardaires viennent expliquer à des millionnaires comment convaincre des cadres supérieurs qu’ils doivent se serrer la ceinture ».
Avec le succès et la notoriété, ce Forum est devenu la cible de multiples critiques, comme incarnation d’un club réservé à l’élite du capitalisme mondialisé : « Davos est le lieu où se rend chaque année cette poignée d’hommes qui possèdent le monde et façonnent l’économie. Oxfam estime qu’il est de son rôle de les rencontrer et de leur dire que notre économie, qui créée des inégalités insoutenables, marche sur la tête », juge Cécile Duflot, directrice générale d’Oxfam France. L’ONG participe régulièrement aux débats.
Davos a été beaucoup imité. Il a aussi généré des contre-sommets organisés par la société civile. À partir des années 2000, les ONG se rassemblent tous les ans au même moment, pour un Forum social Mondial qui se tient le plus souvent à Porto Alegre, au Brésil. Cette mobilisation s’est essoufflée au bout d’une dizaine d’années. Le Forum de Davos lui, est toujours là.
Il a célébré sa cinquantième édition lors de la cérémonie d’ouverture, hier lundi 20 janvier 2020, en présence d’Ursula von der Leyen, nouvelle présidente de la Commission européenne. Il a accueilli ce mardi le président américain Donald Trump, ainsi que la militante écologiste Greta Thunberg.
Du côté des représentants asiatiques, le très discret patron de Huawei, Ren Zhengfei, s’exprimera ainsi que Carrie Lam, la dirigeante de l’exécutif de Hong Kong. Et on pourra également écouter Bartholomée, patriarche de Constantinople, l’artiste américain Will.i.am ainsi que le président ukrainien Volodymyr Zelensky.