Une nouvelle étude internationale publiée mercredi dans la revue Nature montre que la terre ne s’est jamais réchauffée aussi vite en 2000 ans. Le résultat de cette étude bat en brèche une théorie fréquemment avancée par les climatosceptiques.
Par Maurice Duteil
Les chercheurs se sont plongés dans 2000 ans d’histoire du climat : pendant ces deux millénaires, il y a effectivement eu quelques périodes de réchauffement et de refroidissement à la surface de la planète. Au temps des Romains déjà, l’Europe et l’Atlantique nord ont connu un climat inhabituellement chaud entre 250 av. J.-C. à 400 apr. J.-C, appelé « l’Optimum climatique romain ».
À l’inverse, à partir du Moyen-âge, il y a eu un « petit âge glaciaire » (de 1300 à 1850) en Europe. Un phénomène climatique immortalisé notamment dans les peintures flamandes, où l’on voit des gens emmitouflés faire du patin à glace sur les canaux hollandais gelés.
Pendant longtemps, les climato-sceptiques ont vu dans ces variations climatiques pré-XXe siècle la preuve que le réchauffement climatique actuel est dans l’ordre des choses, et qu’il ne faut pas s’inquiéter.
La nouvelle étude publiée ce mercredi 24 juillet dans la revue Nature cloue le bec à cette théorie (si c’était nécessaire…). Les chercheurs ont puisé dans les archives des températures compilées à partir de près de 700 indicateurs : les anneaux d’arbres, des carottes glaciaires, des sédiments des lacs et des coraux, mais aussi des outils plus récents comme des thermomètres. Toutes ces données proviennent d’une base internationale baptisée PAGES, Past Global Changes.
Les travaux montrent que jusqu’au XIXe siècle, les variations climatiques ne touchent pas de manière uniforme et simultanée toute la planète. Comme l’explique Raphael Neukom, paléoclimatologue à l’Université de Bern (Suisse), qui a dirigé cette étude :
« C’est vrai que pendant le petit âge glaciaire, il faisait généralement plus froid sur Terre, mais pas partout, et pas en même temps. Les pics des variations climatiques de l’ère pré-industrielle se produisaient à différents moments et dans différents endroits du globe. »
Ainsi le petit âge glaciaire a d’abord affecté la région Pacifique, autour du XVe siècle, avant de toucher l’Europe et l’Amérique du Nord au XVIIe siècle.
La grande différence aujourd’hui, c’est que le réchauffement climatique observé depuis la révolution industrielle touche simultanément toutes les parties du monde. C’est ce que décrit Nathan Steiger de l’Université Columbia à New-York qui participé à cette étude :
« Actuellement, le réchauffement est global. 98% du globe s’est réchauffé après la révolution industrielle. »
La paléoclimatologue Valérie Masson-Delmotte, experte du GIEC (le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), voit aussi dans cette étude une confirmation de plus:
« Le réchauffement est planétaire alors que les petits épisodes du passé étaient plutôt régionaux et ne se produisaient pas en même temps partout. »
Pour les auteurs de l’étude, c’est bien la preuve que le réchauffement climatique actuel est « anthropique » (dû à la présence des humains) : il est le fait des émissions de gaz à effet de serre émises par l’activité humaine depuis la révolution industrielle (essentiellement pour produire de de l’énergie pour l’électricité, le chauffage, les transports, etc.)
La hausse des températures observées depuis la fin de la seconde moitié du XXe siècle est donc la plus globale, mais aussi la plus rapide en 2000 ans d’Histoire. Du jamais vu auparavant.