En politique, même s’il est permis de rêver, c’est le réalisme qui compte. Pour avoir longtemps rêvé en s’accrochant au mirage de voir Jean-Ping s’installer à la magistrature suprême, des nombreuses personnalités de l’opposition ont pris un sérieux retard difficile à rattraper dans la course aux sièges du Palais Léon Mba, siège de la Chambre basse.
Leur tentative de vouloir reprendre pied en sollicitant à la fois le report des élections législatives et la réconciliation nationale arrive mais trop tard….
C’est de l’anachronisme en règle et dans tous ses états! Un Cercle ainsi autoproclamé des notables de la République composé respectivement de Jules Bourdes Ogoulinguengé, Paul Malekou, Louis Gaston Mayila, Paul Mba Abessolo, David Mbandinga et Richard Moulomba, tous des personnalités de l’opposition, a fait le 16 mars dernier une déclaration politique pour le moins étonnante à la Chambre de commerce de Libreville.
Au cours de cette sortie qui prête encore à jaser au quartier, cette bande des nostalgiques gérontocrates ayant roulé leur bosse à la belle époque d’Omar Bongo Ondimba à une exception près (seul Richard Moulomba est de la nouvelle génération), a peint un tableau sombre de la situation politique, économique et sociale du pays.
Une stratégie de fuite en avant
Dans leurs élucubrations, ils demandent pour l’essentiel un report des élections législatives et surtout une réconciliation nationale pour permettre, disent-ils, de baisser les tensions et d’éviter la déflagration sociale qui guette le pays.
Cette proposition est diversement interprétée au sein de l’opinion tout comme dans le landerneau politique gabonais.
Pour des nombreux jeunes loups, étoiles montantes et forces vives de la Nation, les époques ont changé, il faut aller de l’avant.
« Un pays n’avance pas avec des anachronismes et le règne perpétuel des vieux. Quand et comment tous les jeunes qui se forment dans les universités trouveront-ils de la place pour travailler. Il faut savoir passer le témoin et inscrire son nom dans les tablettes des sages de la République qu’on peut consulter au cas échéant. Il y a déjà eu un dialogue à Agondjé de mars en mai dernier 2017. Ça suffit comme ça. Les résolutions qui y avaient été arrêtées sont pour les unes déjà appliquées, pour d’autres c’est en cours. On ne veut rien savoir de cet appel vers une marche à reculons qui doit une fois encore mettre en selle des vieux fatigués qui ont tout eu de ce pays », s’insurge R. L, un jeune cadre vivant à Nzeng-Ayong un quartier populaire, dans le 5ème arrondissement de Libreville.
« Les difficultés qui apparaissent aujourd’hui, c’est comme quand un bébé vient au monde, l’acte de fécondation précède la venue du bébé au monde de neuf mois. Les difficultés économiques actuelles du pays remontent à l’époque où tous ces acteurs qui s’érigent en donneurs de leçons étaient aux affaires. C’est eux qui ont planté les germes de qui apparait aujourd’hui sous forme de crise. Autrement, comme on les voit, peuvent-ils dire l’héritage que chacun d’eux a laissé des charges qu’il a eu à assumer ? », a déclaré un universitaire en attente d’un premier emploi.
« Ils n’ont laissé que désolation sur leur passage. Ils doivent analyser le problème dans l’ensemble et non depuis 2009. Sinon ça serait diachronique », a indiqué X.L, un enseignant retraité.
Presque un aveu d’échec
A y regarder de près, la déclaration de Mba Abessolo, porte-parole de circonstance, laisse apparaitre deux grilles de lecture diamétralement opposées.
A savoir que premièrement, après moult tergiversations, cette bande de gérontocrates qui ont longtemps cru en lui vient de se rendre à l’évidence que Jean-Ping ne représente plus rien. Donc, il faut tourner la page.
Revenus enfin sur terre, ils ne leur reste plus que les législatives à venir pour se donner un semblant de survie politique. Bien entendu avec la nuance d’une menace à peine voilée qu’ils auraient encore, comme cela se dit vulgairement, des bons restes à faire valoir pour faire mal.
Droit dans ses bottes, Moukombo fonce
Des postures, l’on va dire presque proches d’une distraction qui ne sont ni du goût ni dans le schéma du déterminé Guy Nzouba Ndama pour qui les élections doivent se tenir à la date prévue au mois d’avril.
Pour preuve, plusieurs mois depuis, Moukombo qui lorgne sérieusement l’Immeuble du 2 Décembre, siège de la Primature au Gabon, s’était déjà rendu auprès de la Cour constitutionnelle pour réclamer entre autres le respect du calendrier électoral, la transparence et bien d’autres aspects liés à la tenue effective de ce scrutin.
Il est donc facile et aisé de comprendre la frilosité qui anime la bande des gérontocrates, grabataires pour certains, mené par Paul Mba Abessolo, qui accusent un certain retard dans le travail sur le terrain et l’empressement du rusé Moukombo qui sait bien tirer parti de l’adage selon lequel rien ne sert de courir, il faut savoir partir à point. Alors malheur aux vaincus !