Depuis son arrivée à l’équipe nationale du Gabon, le sélectionneur Thierry Mouyouma enchaîne des conférences de presse, les unes après les autres avec autant d’ incongruités. Ce fût encore le cas vendredi dernier. Mais cette sortie de Thierry Mouyouma se révèlait être juste, dans la forme comme dans le fond, une catastrophe de management qui mélange amateurisme ainsi que des dérapages incontrôlés. Au cours de celle-ci, on pouvait se demander si elle a même été préparée avec les meilleurs éléments de langage en sachant que le sujet allait être posé sur la table.
Par clinton Mombo
Dans la forme, aucun entraîneur national au monde n’appelle son joueur uniquement pour juste le convoquer en regroupement. Dans aucun groupe d’intérêts, les hommes ne sont traités comme des fourchettes aux quelles on pense juste pour manger et qu’on rédépose dès la fin du repas. Le management exige des leaders une relation personnelle régulière, continue et entretenue avec chacun.
C’est ainsi qu’on obtient une complicité pour connaître les besoins et les problèmes, les régler si possible ensemble en vue d’obtenir le meilleur de chacun. Thierry Mouyouma dit avec une pointe de fierté ne pas connaître Aubameyang. Il n’a jamais essayé de le rencontrer depuis sa nomination et discuter avant de le convoquer. Il sait pourtant qu’il y a un gros problème avec ce joueur, son joueur. Il l’a juste appelé pour un regroupement et au téléphone. Et il se plaint de n’avoir eu aucune suite de sa part. Personne de respectable ne lui en aurait donné dans ces conditions.
Nul n’ignore tous les problèmes nés des houleuses relations de PEA avec la Fégafoot depuis la Can du Cameroun auraient-ils disparus du jour au lendemain, par un coup de baguette magique et d’oubli collectif. De tous ces problèmes Mouyouma en est au minimum informé. Alors à quoi sert de faire l’autruche?
Pour ce qui est du fond c’est du très grand amateurisme. À comparer à l’occurrence avec les déclarations de Didier Deschamps sur le cas Pogba qui traverse une très mauvaise passe en ce moment. À aucun moment le joueur ne se sent abandonné par son coach chez les Bleus. Il l’appelle souvent pour le soutenir.
Il dit dans la presse être à ses côtés pour l’aider à traverser ces difficiles moments qu’il souhaite court. À aucun moment, jamais, il n’a été entendu dire que Pogba n’avait qu’à se débrouiller pour se sortir de son impasse et après, il verrait.
A côté de cette voie très professionnelle de solidarité en gestion de groupe et de soutien revigorant, notre Mouyouma va répondre à un journaliste sur la non présence d’Aubameyang à Bujumbura que les Burundais aiment les embrouilles. Sous-entendant que parler de ce joueur, c’est revenir en arrière, à l’histoire ancienne de l’équipe. Il va même affirmer dans la même lancée et de manière hyper condescendante que ce joueur à des difficultés de rendement dans son club et que relativement à cela, il n’avait pas sa place en sélection, qu’il doit d’abord revenir à son meilleur niveau. Juste au moment où il a besoin du soutien et des encouragements de son sélectionneur national, de son pays.
Aussi, il va insinuer que PEA a un gros problème de discipline et que dessus, il ne tergiverse pas. Cette déclaration est passée partout. Mais deux jours après, il ose quand même prendre son téléphone pour l’appeler ? Pour lui dire quoi exactement ? C’est une serpillière qu’on jette et sur laquelle on s’essuie les pieds quand on veut ?
Il s’appuie en plus sur la culture bantu pour insinuer le manque d’éducation de son neveu qui ne lui répond pas. Par diffusion de culture, retenons qu’aucun bon oncle bantu ne vend son neveu en public. Les bantu conseillent pour bien gérer les problèmes de ne jamais chercher la raison de sa chute au point là où on est tombé mais avant. Si ce bon bantu l’avait fait, il saurait que l’encadrement des Panthères a fait trop de mal à ce garçon pour que leurs relations soient normales comme il le lui exige. Il a bidonné un faux bulletin de santé pour lui attribuer des lésions cardiaques irréversibles et valider ainsi par le mensonge son expulsion de Yaoundé. C’était faux. Il l’a accusé de bagarre nocturne avec la sécurité camerounaise de leur hôtel. C’était faux. Il a fait diffusé de fausses vidéos pour le montrer dans une boîte de nuit à Dubaï pendant le regroupement. La musique était gabonaise tirée du rythme Elone dans un décor ressemblant comme un scan à celui d’une boîte de nuit gabonaise. C’était faux. Il l’a accusé de boulimie financière en revendiquant des primes indues. C’était faux.
Pire, des journalistes mercenaires ont même été recrutés pour diffuser ces mensonges dans la presse. Il y a en un surtout qui a menti de manière éhontée en affirmant l’avoir vu fumer de la chicha en plein regroupement. Même si l’entraîneur a dit dans une interview sur Africa 24 n’avoir eu aucun problème sportif avec aucun de ses joueurs, même si le président de la Fégafoot a dit sur la même chaîne de télévision n’avoir eu aucun problème de discipline avec aucun de ses joueurs, le mal est fait. Comment a-t-on fait, qu’a-t-on fait pour le réparer et revenir à une relation normale avec ce joueur ? Rien !
Thierry Mouyouma ne peut donc pas faire l’impasse sur ce passif, brandir le patriotisme comme argument d’amnésie et le convoquer comme si rien ne s’etait passé, sans régler ce passif comme l’aurait fait un vrai pro. Il y ajoute au contraire sa grosse condescendance comme un bon amateur, avec pour résultat inévitable d’aggraver le problème qu’il tente de régler. Surtout quand Pierre Emmerick Aubameyang avait manifesté son envie de ne plus venir en équipe nationale et que la dernière fois qu’il est venu, juste pour la forme et sans se décarcasser, il l’a fait à la demande de la plus haute autorité du pays. Point… barre !
C’est même une honte et manque de professionnalisme pour venir devant les journalistes journalistes, declarer qu’on devrait pas s’attarder sur ce cas, que tous les joueurs en équipe nationale doivent être traités de la même manière. C’est à se demander dans quel monde ils vivent, eux qui ont devant le peuple gabonais un devoir de vérité et non de solidarité avec un copain maladroit. Jamais Aimé Jacquet n’a traité Zidane comme les autres joueurs. Jamais Michel Platini n’a été pour Robert Herbin un joueur comme les autres. Le premier a imposé Dugarry en sélection. Le second a obtenu que Larios n’y remette plus jamais les pieds. Leur apport valait ce sacrifice. Il ne viendrait à personne aujourd’hui de reléguer Mbappé au rang de joueur parmi les autres. Il ne l’est pas.
Du reste, en ce moment il veut obtenir du Real qu’il recrute son petit frère Ethan en même temps que lui. Ce que plus proche de nous, Wolverhampton vient de concéder à notre propre étoile Mario Lemina.
Ce sont des joueurs exceptionnels, seuls des joueurs d’exception peuvent exprimer de telles exigences, et on les traite comme tels. Il n’y a que dans les pays où on entretient la médiocrité qu’on considère que la société est une pelouse sur laquelle il faut tailler les têtes qui dépassent.
Cette même médiocrité qui nous fait rater de grands objectifs en cachant notre amateurisme et parfois notre incompétence derrière le mensonge et la condescendance d’un soliloque, par un mauvais abord des problèmes qui conduit à des solutions encore pires que le problème lui-même. »