A la tête de l’instance mondiale du ballon rond, Gianni Infantino propose une série de mesures dont l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations tous les quatre ans.
Par Clinton Mombo
La FIFA ordonne, la CAF exécute ? Le 1er février, Gianni Infantino, président de l’instance internationale du ballon rond, a présenté son projet pour mettre ‘’le football africain au centre du monde’’ lors d’un séminaire sur le développement des compétitions et des infrastructures footballistiques en Afrique qui s’est tenu à Rabat, au Maroc.
‘’Depuis des années, nous parlons du développement du football africain. Pelé a dit un jour qu’une équipe africaine finirait par remporter la Coupe du monde de la FIFA, a-t-il déclaré devant Ahmad Ahmad, patron de la Confédération africaine de football (CAF), et les représentants des cinquante-quatre fédérations que compose le continent. Pourtant, sa prédiction ne s’est pas encore réalisée et tout indique qu’il reste du chemin à parcourir. Aujourd’hui, le moment est venu d’avancer dans la bonne direction’’.
Pour cela, la FIFA propose de former vingt arbitres, l’idée étant de les professionnaliser, de leur offrir des contrats ‘’à durée indéterminée’’ afin de leur permettre de devenir ‘’totalement autonomes’’. M. Infantino entend également créer un fonds doté d’un milliard de dollars (905 millions d’euros) dédié à la construction ‘’d’au moins un stade de grande qualité dans chacune des cinquante-quatre associations membres de la FIFA et de la CAF’’. Des arènes aux normes internationales où les ‘’talents’’ pourront s’exprimer.
Le président de la Fédération internationale de football souhaite, enfin, que le continent se dote de plusieurs autres tournois – notamment féminins et de jeunes – et propose la création d’une nouvelle compétition panafricaine de clubs qui ‘’pourrait générer des revenus de 3 milliards de dollars sur cinq ans’’ et qui irait « couronner le véritable champion d’Afrique’’. ‘’Il faut penser une véritable révolution du football africain’’, a estimé Gianni Infantino. Cette stratégie qu’il désire mener en lien avec les représentants de la CAF a pour but de ‘’faire progresser le football africain’’ et de multiplier ainsi les revenus du continent.
Toutes ces propositions viennent ainsi parachever la mission de six mois convenue entre la FIFA et la CAF. En effet, peu avant l’été 2019, Ahmad Ahmad avait sollicité l’aide de ‘’la maison mère’’ afin qu’elle réalise un audit complet de la CAF et qu’elle puisse accompagner la Confédération dans l’instauration d’une meilleure gouvernance ‘’afin d’apporter stabilité, sérénité, professionnalisme et développement effectif du football sur le continent africain’’. La secrétaire générale de la FIFA, Fatma Samoura, avait été alors nommée « déléguée générale de la FIFA pour l’Afrique’’.
Cette demande était aussi une manière de répondre aux récurrentes polémiques autour de la corruption qui gangrène ce sport et les fédérations dans ce coin du monde. En termes de gouvernance, la Fédération internationale vient de mettre en place un plan d’action en cent points pour arriver à une meilleure éthique et assainir les comptes.
Depuis, les contempteurs du président de la Confédération africaine n’ont eu de cesse de répéter que ‘’la CAF se trouvait sous tutelle de la FIFA’’, une critique que ne supporte pas l’entourage d’Ahmad Ahmad. Mais pour prouver qu’ils ont raison, ses détracteurs rappellent un épisode récent. Il y a près de trois mois, Gianni Infantino a présenté la nouvelle formule de la Coupe du monde des clubs qui aura lieu en Chine en juin 2021. Problème : la Coupe d’Afrique des nations (CAN) devait se dérouler au même moment au Cameroun. En effet, ce tournoi se joue désormais l’été depuis l’édition du Caire en 2019 et non plus l’hiver – voire au printemps –, comme depuis la création de cette compétition en 1957.
Après l’élection d’Ahmad Ahmad à la tête de la Confédération (2017), le Malgache avait décidé de la décaler en juin afin que les sélections puissent faire appel à leurs stars et éviter, entre autres, qu’elles ne soient empêchées d’y participer par leurs clubs comme ce fut le cas quand la CAN avait lieu en début d’année.
Finalement, la CAF a décidé de reprogrammer en hiver, en janvier, sa Coupe, officiellement pour des raisons climatiques. ‘’Pour justifier son spectaculaire revirement, il [Ahmad Ahmad] s’appuie sur un maître mot : la flexibilité. Revenir en hiver, clame-t-il, c’est être flexible. En vérité, c’est taire le fait que depuis l’installation de Mme Fatma Samoura au siège du Caire, installation décidée autoritairement par la FIFA, la direction de la CAF est dépendante de la volonté de la Fédération internationale et de son président Gianni Infantino, ce dernier étant très impliqué dans l’élection d’Ahmad. Leurs “recommandations” sont tout naturellement devenues des ordres’’, a écrit Pape Diouf dans sa dernière chronique au Monde Afrique.
Et ce n’est pas tout. A Rabat, M. Infantino a estimé que la Coupe d’Afrique des nations devrait se dérouler tous les quatre ans à l’instar de l’Euro. Mais, justement, si la CAN se joue actuellement tous les deux ans, c’est bien pour donner une visibilité au foot africain à travers le monde. Alors que va décider la CAF ? Le 2 février, lors d’une réunion du comité exécutif de la Confédération africaine de football, toujours à Rabat, ses dirigeants ont décidé de continuer leur collaboration avec la FIFA…