Le président Félix Tshisekedi, malgré ses promesses, peine à convaincre. La société civile appelle à la mobilisation populaire lundi 21 octobre.
Par Maurice Duteil
Désormais, le professeur Ndaywel e Nziem appelle les Congolais à se joindre, ce lundi 21 octobre 2019, à la marche organisée par le CLC contre la corruption. ‘’Tout en République démocratique du Congo (RDC) est exposé à la corruption et la situation ne fait qu’empirer, analyse l’historien. Il est urgent de se mobiliser pour que le pouvoir ne se limite plus à des annonces et à de la rhétorique servie depuis Mobutu’’. Ce collectif proche de l’Eglise catholique congolaise s’est illustré par l’organisation de grandes manifestations pacifiques contre Joseph Kabila, violemment réprimées, fin 2018 et au début de l’année suivante. C’est un nouveau combat qu’entame Isidore Ndaywel e Nziem, 75 ans, intellectuel respecté, à la tête du Comité laïc de coordination (CLC).
En RDC, promettre d’éradiquer la corruption et d’instaurer un Etat de droit figurent en effet dans les grands discours que se transmettent les dirigeants comme la recette magique pour séduire les institutions internationales, finalement peu regardantes sur les résultats.
Elle peut prendre le visage d’un fonctionnaire tracassant, d’un militaire contraint à s’autorémunérer, d’un milicien inflexible, d’un opérateur économique incontournable, d’un élu orchestrant un réseau clientéliste, d’un conseiller du président prédateur. La corruption est pourtant toujours ubiquiste.
Les anciens chefs d’Etat Mobutu Sese Seko et Joseph Kabila ne se sont-ils pas enrichis par milliards de dollars tout en recourant à la répression violente pour sécuriser leur mainmise économique ? A cela s’ajoutent des intermédiaires, hommes d’affaires occidentaux, asiatiques ou moyen-orientaux, et représentants de grands groupes si prompts à payer en liquide pour sécuriser leurs activités, dont les revenus s’évadent dans des circuits financiers offshore, au grand dam de l’Etat.
Selon un sondage mené par Transparency International, 80 % des Congolais ayant été en contact avec un service public ont eu à payer un pot-de-vin. Au sein de l’élite, les commissions se chiffrent parfois en millions de dollars. De quoi freiner l’enthousiasme d’investisseurs étrangers.
En attendant la mise en place d’une agence dédiée, il s’est tourné vers la justice, elle aussi en partie rongée par des magistrats ‘’achetables’’ pour demander des enquêtes sur des élus soupçonnés de corruption et a exigé des sanctions exemplaires. Face à un tel tourbillon d’acteurs et de pratiques corruptives tirant profit de la faiblesse des institutions et obérant l’économie, le président Félix Tshisekedi, investi le 24 janvier suite à une élection controversée, a appelé au ‘’changement des mentalités’’. Il a d’abord prôné une ‘’approche répressive contre les intouchables corrupteurs et corrompus d’hier et d’aujourd’hui’’. Certains députés ont été déchus.