Pour réduire de 90 % les nouveaux cas de ces infections, et de 65 % leur mortalité d’ici dix ans, un budget annuel de 6 milliards de dollars doit être investi dans le dépistage et les traitements.
Par David B. Hauce
La Région africaine veut éliminer l’hépatite virale en tant que menace majeure pour la santé publique d’ici à 2030. Avec le lancement du document intitulé Prévention, soins et traitement de l’hépatite virale dans la Région africaine : cadre d’action 2016 – 2020, l’OMS guide les États membres de la Région africaine dans la mise en œuvre la toute première Stratégie mondiale du secteur de la santé contre l’hépatite virale adoptée en mai dernier au cours de l’Assemblée mondiale de Santé.
Des cinq types d’atteintes virales du foie connues (A, B, C, D, E), les plus redoutables sont les B et C. Elles sont responsables de 95 % des décès, principalement par cirrhose ou cancer du foie survenant sur une hépatite chronique.
En 2016, l’assemblée générale de l’OMS a adopté une résolution pour réduire de 90% l’incidence et de 65% la mortalité des hépatites B et C d’ici à 2030, par plusieurs interventions : vaccination contre l’hépatite B, programmes de prévention et réduction des risques, dépistage et traitement de ces deux hépatites.
« Au cours des cinq prochaines années, la Région africaine devrait enregistrer une baisse de un tiers des cas d’infections chroniques par les virus de l’hépatite B et C, » a affirmé le Dr Matshidiso Moeti, Directeur régional de l’OMS pour l’Afrique, avant d’ajouter, « en outre, nous voulons aussi réduire de 10 % le nombre de décès dus aux hépatites virales B et C. »
L’hépatite virale est une infection du foie causée par cinq types de virus distincts de l’hépatite (A, B, C, D et E) et est un problème de santé publique très répandu dans la Région africaine. Tous les cinq virus de l’hépatite peuvent provoquer une maladie aiguë, mais le plus grand nombre de décès est imputable aux cancers et à la cirrhose de foie – un état dans lequel on note une cicatrisation irréversible du foie après une infection chronique due aux virus de l’hépatite B et C.
Dans le monde, 400 millions de personnes sont infectés par les virus de l’hépatite B et C, soit 10 fois plus que le nombre de personnes vivant avec le VIH. L’hépatite virale était la septième cause de mortalité dans le monde en 2013, avec un nombre estimé à 1,4 million de décès par an – soit une hausse par rapport au chiffre de moins de un million de décès en 1990. Aujourd’hui, seule une personne sur 20 infectées par l’hépatite virale sait qu’elle porte le virus, et seulement une sur 100 personnes souffrant de cette maladie est sous traitement.
Dans la Région africaine, l’hépatite B est une maladie très endémique et touche un nombre estimé à 100 millions de personnes, surtout en Afrique de l’ouest et du centre, tandis qu’on estime que 19 millions d’adultes souffrent d’hépatite virale C chronique. Un vaccin efficace est disponible pour prévenir l’hépatite virale B. Des nouveaux médicaments à administration par voie orale et bien tolérés pour les personnes qui souffrent de l’hépatite virale C chronique peuvent donner des taux de guérison de plus de 90 %. Un traitement efficace est aussi disponible pour les personnes souffrant d’hépatite virale B chronique, bien que pour la plupart de celles-ci ces traitements doivent être pris pendant toute la vie. L’hépatite virale est également de plus en plus une cause croissante de mortalité parmi les personnes vivant avec le VIH. Environ 2,3 millions de personnes vivant avec le VIH sont également infectés par le virus de l’hépatite C, et 2,6 millions de séropositifs sont aussi infectés par le virus de l’hépatite B.
Avec le nouveau cadre adopté au Comité régional de l’OMS pour l’Afrique, la Région ambitionne d’arrêter la transmission de l’hépatite virale, de renforcer la sensibilisation et la prévention, ainsi que de s’assurer que toute personne vivant avec l’hépatite virale ait accès aux services de soins et de traitement sûrs, bon marché et efficaces.