Dans ce livre, la nièce de Donald Trump dresse le portrait d’une famille dysfonctionnelle rongée par les « convoitises, trahisons et tensions fratricides ».
Par Maurice Duteil
Un best-seller avant même sa publication. Dans un livre à paraître le 14 juillet, Mary Trump, la nièce du président américain, dresse un portrait sans-concession de sa famille. La sortie de l’ouvrage, intitulé Too Much and Never Enough: How My Family Created the World’s Most Dangerous Man (« Trop et jamais assez: comment ma famille a créé l’homme le plus dangereux du monde », en français), a été avancée au 14 juillet, et se trouve déjà numéro 1 des préventes de livres sur Amazon.
Présenté par l’éditeur Simon&Schuster comme un livre-révélations à environ trois mois de la présidentielle américaine, l’ouvrage a déclenché une bataille juridique : un frère de Donald Trump, Robert, ayant essayé, en vain, de le bloquer en justice. Mary Trump, psychologue, est la fille de Fred Trump Jr., frère aîné du président, décédé en 1981 à 42 ans, des suites de son alcoolisme.
Dans son ouvrage de 240 pages, cette femme de 55 ans, qui a depuis longtemps coupé les ponts avec son oncle devenu président, mêle « histoire familiale et analyse psychologique de son oncle », selon le Washington Post. Elle explique notamment comment son père était méprisé et « moqué » par son grand-père « dominateur », Fred Sr. Et comment Donald Trump, sept ans plus jeune que Fred Junior, a appris « à mentir pour se mettre en valeur » après avoir été témoin des humiliations subies par son aîné de sept ans.
Selon le New York Times, la nièce du président décrit un climat familial de « convoitises, trahisons et tensions fratricides » pour expliquer comment Donald Trump a acquis des « comportements tordus ». « Les pathologies de Donald sont si complexes et ses comportements souvent si inexplicables qu’établir un diagnostic complet demanderait toute une batterie de tests psychologiques et neurophysiques qu’il ne passera jamais », écrit-elle, selon le quotidien new-yorkais.
Elle affirme aussi que l’ex-magnat de l’immobilier new-yorkais a payé quelqu’un pour passer à sa place les tests américains d’admission à l’université SAT, selon le New York Times, qui ne dit pas si elle fournit des preuves. « Donald, suivant l’exemple de mon grand-père et avec la complicité, le silence et l’inaction de ses frères et soeurs, a détruit mon père. Je ne peux pas le laisser détruire mon pays », écrit encore la nièce, citée par CNN.
Elle raconte voir en Donald Trump un enfant qui dirait que « personne ne l’aime ». « L’ego de Trump est une chose fragile qui doit être renforcée à chaque instant parce qu’il sait au plus profond de lui qu’il n’est rien de ce qu’il prétend être », développe-t-elle. Mary Trump tente aussi d’expliquer certains comportements actuels du président par son enfance. « Donald Trump a commencé à croire qu’il ne pouvait rien faire de mal, alors il a cessé d’essayer de faire quoi que ce soit de bien. Il est devenu plus audacieux et plus agressif parce qu’il était rarement mis au défi ou tenu pour responsable par la seule personne au monde qui comptait pour lui – son père », estime-t-elle, rapporte encore CNN.
Selon la nièce du milliardaire, le soutien que Donald a reçu de son père a été décisif dans sa volonté d’ériger le nom « Trump » comme sa marque personnelle, celle d’un « maître de l’univers » possédant des capacités innées pour les affaires. « Le plaisir qu’il éprouvait à dépeindre cette image, les faveurs de son père et la sécurité matérielle que ce dernier lui procurait ont donné [à Donald Trump] la confiance suffisante, mais pas méritée, pour se vendre comme un riche playboy et comme un brillant homme d ‘affaires qui s’est fait tout seul, alors que cela a toujours été une mascarade », écrit Mary Trump.
Quant à la sympathie que Donald Trump semble afficher envers les dirigeants autoritaires, là encore, sa nièce tente de trouver une explication dans son enfance. « Fred Sr avait également préparé Donald à être attiré par des hommes tels que Cohn [Roy Cohn, un avocat américain connu pour son intransigeance], comme il sera plus tard attiré par des dirigeants autoritaires tels que Vladimir Poutine et Kim Jong-Un ou toute autre personne avec du pouvoir pouvant l’enrichir grâce à ses flatteries ».