La poignée de mains entre le président kenyan Uhuru Kenyatta et son principal opposant Raïla Odinga vendredi à Nairobi est un signal fort pour une paix durable et la réconciliation nationale. A l’issue d’une rencontre surprise au Palais, les deux hommes ont symboliquement lu un communiqué commun, côte-à-côte. S’appelant l’un et l’autre « mon frère ».
Le président de la République du Kenya et le chef de l’opposition ont annoncé lancer « un programme » destiné à combler les fractures ethniques et politiques qui parcourent depuis longtemps le Kenya. Qu’est-ce qui fait peur à Jean-Ping qui se retrouve presque dans la même situation revendiquant sa prétendue victoire, n’est-ce pas parce que les Gabonais ont besoin de tourner la page de l’élection de 2016. Raila Odinga a rencontré vendredi dernier le président kényan Uhuru, pour la première fois depuis sa réélection contestée en octobre. Les deux hommes d’Etat ont promis d’essayer de réconcilier le pays. Ils sont arrivés à un accord commun. Un accord qui place le pays au-dessus de n’importe quel individu. Convaincus qu’ils sont d’accord du fait que pour que le pays se rassemble il faut que ses dirigeants s’assemblent.
Au Gabon, après l’élection présidentielle d’août 2016, Ali Bongo est toujours aux commandes, le leader de l’opposition n’a posé aucune action forte pour faire peur à son pouvoir. Même pas un grand rassemblement dans une place publique. Les rassemblements au Trocadéro n’ont rien apporté. Aujourd’hui ce n’est plus Ali Bongo la cible et le message de la restitution de la vérité des urnes a pratiquement changé. On s’attaque à Casimir Oye Mba, Guy Nzouba Ndama, ceux qui par leur courage, par leur amour pour le pays, ont mis de côté leurs egos et ont placé l’intérêt de la nation au-dessus. Certains veulent les lapider parce qu’une fois encore, ces messieurs pensent Gabon d’abord et non eux d’abord.
Se rendre compte qu’on a échoué peut avoir deux attitudes, soit on fait profil bas et on s’humilie, soit c’est le mauvais cœur pour tout gâter, technique de la terre brûlée. La dernière élection présidentielle au Kenya en 2017 a été marquée par l’annulation d’un premier scrutin, entaché d’irrégularités, puis par un deuxième exercice boycotté par l’opposition. Le président sortant Kenyatta a été en conséquence réélu avec 98% au terme de cette présidentielle en deux temps marquée par des violences politiques qui ont fait au moins 100 victimes, la plupart tuées par la police. Le temps est venu de confronter toutes ces divergences et de les résoudre. Tout au long de l’histoire de ce pays depuis l’indépendance, il y a eu des doutes sur la manière dont il faut mener les affaires publiques au regard des divisions croissantes sur des lignes ethniques, religieuses et politiques.
Nombreux sont les observateurs qui estiment qu’il s’agit d’une avancée très positive, même si pour en finir avec les divisions ethniques et politiques au Kenya, l’on aura besoin de plus de plus de temps et d’efforts. On a fait aujourd’hui preuve de grandes qualités de dirigeants en se rassemblant, a estimé Raïla Odinga en conférence de presse, après avoir rencontré le président Kenyatta. Il a cependant rappelé le gouvernement kényan à ses devoirs dans la défense des « institutions démocratiques », en référence aux suspensions d’antenne en début d’année des principales chaînes de télévision kényanes et aux atteintes à l’indépendance des tribunaux.