Malgré une forte avance dans les sondages et le soutien des Afro-Américains, l’ancien vice-président peine à effacer les doutes qui ternissent sa candidature.
Par Maurice Duteil
Enfin, Joe Biden est sorti de son bunker ! Après deux mois à faire campagne depuis son sous-sol pour cause de pandémie, le candidat démocrate a mis le nez dehors à la faveur des manifestations qui ont bouleversé le pays. D’abord pour rencontrer des leaders afro-américains dans une église noire près de chez lui, dans le Delaware. Puis à Philadelphie, où l’ancien vice-président a prononcé un discours fort en faveur des droits civiques. Ce confinement ne lui a pas porté préjudice. Privé de campagne, l’ancien vice-président mène largement dans les sondages, avec une moyenne de huit points d’avance sur Donald Trump. A la surprise générale, il a fait jeu égal avec le président dans les collectes de fonds en avril. Sa campagne serait-elle une autoroute vers la Maison Blanche ? Loin de là, tant le candidat démocrate semble fragile.
Depuis la mort de George Floyd, la rue américaine crie sa soif de changement. Mais, à 77 ans, dont quarante-sept passés en politique, Joe Biden ne semble pas le mieux placé pour l’incarner. Ce modéré avait fondé sa campagne sur la promesse de revenir à la normale après quatre ans d’une présidence Trump sens dessus dessous. « Mais il doit désormais prendre conscience que, pour de trop nombreux Américains, cette normalité est loin d’être suffisante, souligne William Galston, chercheur à la Brookings Institution, un cercle de réflexion proche des Démocrates. Biden va devoir transformer le pays en profondeur pour éviter son implosion. » A son âge, le défi est immense.