Une lumière qui scintille deux fois plus fort dure deux fois moins longtemps, dit à l’Agence France-Presse Judy Mowatt, l’une des trois membres fondatrices des I-Threes, le groupe des choristes du chanteur jamaïcain, qui comptait également Rita, son épouse.
Par David B. Hauce
Celle qui a fait une carrière solo remarquée se souvient de cette journée de mai 1981. Il était hospitalisé depuis quelques jours à Miami et j’ai reçu cet appel, lui annonçant le décès de Robert Nesta Marley, emporté par un cancer de la peau qui s’était généralisé.
C’était la fin de toutes ces années à travailler ensemble, se souvient Judy Mowatt, qui avait rejoint les I-Threes en 1974, et vit aujourd’hui toujours en Jamaïque. L’argent ne peut pas acheter la vie, aurait dit le chanteur à son fils Ziggy avant de mourir.
Sept années seulement se seront écoulées entre la sortie de Catch a Fire, l’album qui mettra Bob Marley en orbite, et ce décès prématuré, huit mois après son dernier concert, à Pittsburgh. Ce quarantième anniversaire marque aussi la première fois que les trois membres fondateurs des Wailers, Peter Tosh, Bob Marley et Bunny Wailer sont réunis dans l’au-delà, après la mort de ce dernier, début mars, à 73 ans, à Kingston, souligne Maxine Stowe, qui fut longtemps gérante de Bunny Wailer.
La musique produite lors de ces années prolifiques continue de résonner aujourd’hui. L’album de ses plus grands succès, Legend, figure ainsi parmi les 100 meilleures ventes aux États-Unis depuis 13 ans sans discontinuer. Seul Dark Side of the Moon de Pink Floyd a fait mieux.
La comédie musicale Get Up! Stand Up! consacrée au rastafari le plus célèbre du monde, devrait faire ses débuts à Londres en octobre, et le studio hollywoodien Paramount a mis en chantier un film biographique, coproduit par Rita, Ziggy et Cedella Marley, sa fille.
Cet homme a amené le reggae aux quatre coins du monde, absolument partout, disait la chanteuse jamaïcaine Etana dans une entrevue publiée dimanche par le Jamaica Observer.
Pour la première fois, une musique moderne qui ne venait pas d’Angleterre ou des États-Unis trouvait un écho dans le monde entier. Quarante ans après, la K-pop et le reggaeton, dont les chansons sont souvent dans une autre langue que l’anglais, ont conquis la planète, jusqu’au cœur de l’Amérique profonde.
Je n’ai pas eu le privilège de le voir en chair et en os, mais son oeuvre n’en a pas moins influencé ma vie et ma vision des choses, explique le journaliste jamaïcain Karyl Walker.
Bob Marley est, sans aucun doute, le fils le plus célèbre de la Jamaïque. Avant sa mort, Bob Marley cherchait à accroître encore son audience hors de Jamaïque, a rappelé au Jamaica Observer l’archiviste de référence du chanteur, l’Américain Roger Steffens, selon lequel il s’apprêtait à quitter la maison de disques Island Records pour une maison majeure.
La plus grande déception de sa vie aura été son impossibilité de séduire le public afro-américain, a affirmé Roger Steffens. Il y parviendra, mais après sa mort.
Interrogé, il y a quelques jours, par le Sunday Times, le rappeur et producteur noir Jay-Z, a dit espérer, un jour, être associé aux géants de la musique : Bob Marley et tous les grands.