Ce 25 novembre 2019, des manifestations ont lieu un peu partout dans le monde, consacrées à la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. La mobilisation a pris des formes diverses, de même que les réponses envisagées par les autorités.
Par David B. Hauce
La haute représentante de l’exécutif européen, Federica Mogherini, a dressé pour l’occasion un bilan inquiétant pour l’UE. « L’ampleur du problème reste alarmante : une femme sur trois en Europe a déjà subi des violences physiques et/ou sexuelles. Presque toutes les victimes de la traite à des fins d’exploitation sexuelle au sein de l’UE sont des femmes et des filles ». Federica Mogherini souligne l’aspect mondial du fléau : « Dans les pays en développement, une fille sur trois est mariée avant d’avoir atteint l’âge de 18 ans. Au moins 200 millions de femmes et de filles ont subi des mutilations génitales féminines, qui sont encore pratiquées dans environ 30 pays ».
En Europe, une directive sur les droits des victimes fait en sorte que les victimes de violences sexuelles ou fondées sur le genre bénéficient d’une aide spécialisée. En partenariat avec l’ONU, l’UE a lancé, en 2017, l’initiative mondiale « Spotlight », financée au moyen d’un investissement initial de 500 millions d’euros, pour protéger les femmes et leur rendre leur voix quand elles sont réduites au silence.
Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont défilé, samedi 23 novembre à Rome, pour dénoncer les violences sexistes et sexuelles et dire « stop » aux féminicides à l’appel de l’association féministe « Non Una Di Meno » (Pas une de moins). 94 femmes ont été tuées depuis janvier (elles avaient été 142 en 2018), et au cours des cinq dernières années, 538 000 femmes ont été victimes d’abus physiques ou sexuels de la part de leur partenaire, selon l’Institut italien de la statistique.
Le ministre italien de l’économie Roberto Gualtieri a annoncé qu’un décret ministériel débloquant douze millions d’euros en faveur des orphelins des féminicides entrerait en vigueur dès lundi 25 novembre. « L’argent ne rend pas le manque d’affection, mais avec douze millions, nous allons financer des bourses d’études, des frais médicaux, de formation et d’insertion professionnelle », a-t-il déclaré sur Twitter.
Les féminicides ne constituent pas une catégorie de droit pénal. Par conséquent, les crimes ne sont ni enregistrés, ni examinés à la loupe. En juin 2019, Cuba a publié pour la première fois des statistiques publiques sur les violences faites aux femmes. En 2016, 121 femmes auraient été tuées à la suite d’attaques.