Hier mardi 15 septembre 2020, la junte au pouvoir au Mali s’est rendue à Accra pour rencontrer la délégation des chefs d’Etats de la Cédéao. Cette rencontre avait pour objectif de convaincre l’organisation régionale ouest-africaine de lever les sanctions économiques et d’accompagner la transition dans le pays. Mais aucun accord n’est sorti de la rencontre.
Par Maurice Duteil
Les chefs d’Etat de la Cédéao, après une réunion à huis-clos de plusieurs heures, n’ont pas accepté les propositions présentées par la délégation menée par le chef de la junte malienne, Assimi Goïta. L’organisation sous-régionale réitère sa demande de nomination rapide d’un président et d’un Premier ministre de transition civils. »Nous espérons que nous parlons de jours et non de semaines », a déclaré le président ghanéen Nana Akufo-Addo, également à la tête de la présidence tournante de la Cédéao.
C’est seulement après ces nominations que les sanctions économiques contre le Mali l’embargo sur les flux commerciaux et financiers et la fermeture des frontières avec le pays seront levées. Un point que le président ivoirien, Alassane Ouattara a souligné à la sortie de la réunion, en estimant que le Mali ne pouvait pas »rester dans cette situation pendant des jours et des semaines ». »C’est important pour nous tous », a-t-il insisté, souhaitant qu’une »solution consensuelle » soit trouvée »le plus rapidement possible ».
Le médiateur de la Cédéao, l’ancien président nigérian Goodluck Jonathan, doit à nouveau se rendre à Bamako la semaine prochaine pour s’assurer des avancées vers la transition civile du CNSP, le Conseil national pour le salut du peuple institué par les militaires pour gouverner le pays. Selon le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré, celui-ci devra être dissous après l’installation de la transition : »Une fois que les structures de la transition seront mises en place avec le président, le Premier ministre et le gouvernement, il va de soi que le Conseil national du salut du peuple sera dissous de fait ».
Depuis la prise de pouvoir des putschites et la démission du président IBK le 18 août, aucun accord n’a encore été trouvé avec la Cédéao. Les pays de la sous-région demandent l’organisation d’un scrutin dans les douze prochains mois, et en attendant, la nomination d’un président et d’un Premier ministre par intérim civils.
Les militaires de la junte, de leur côté, défendent une transition d’une durée de 18 mois. C’est l’option retenue dans la charte adoptée samedi à Bamako, après les trois journées de concertations organisées entre junte, société civile et personnalités politiques. Cette transition est jugée beaucoup trop longue pour la Cédéao. Mais les partisans de la charte justifient ce délai par un besoin de temps et d’autorité pour redresser le pays.
Il faut noter que hier mardi, pendant une conférence de presse, Mountaga Tall, l’un des responsables du M5-RFP, a affirmé qu’il fallait que des »corrections puissent être apportées aux documents de la concertation nationale ». Les dirigeants du mouvement dénoncent »les intimidations et les pratiques antidémocratiques et déloyales » pendant les journées de discussions organisées la semaine dernière. Mais en même temps, les responsables du M5-RFP indiquent rester dans la logique de la transition et dans le dialogue avec la junte. Dans un communiqué publié aujourd’hui, ils déclarent »ni rompre ni rentrer en conflit avec le CNSP », et réaffirment leur disponibilité »à œuvrer de concert avec les militaires et tous les Maliens ».
Dès la fin des concertations nationales, le M5-RFP s’était démarqué de la charte de transition adoptée. Selon eux, le document ne reflète pas »les points de vue et les décisions du peuple malien ». Ainsi, selon le mouvement, le choix majoritaire lors des concertations s’est bien porté sur un président et un Premier ministre civil pour la transition. Une précision qui n’apparaît pas dans les conclusions finales de la charte.