Par Maurice Duteil
Après une longue nuit de négociations, les chefs d’Etat et de gouvernement européens se sont aussi mis d’accord pour réduire d’« au moins 55 % » leurs émissions de CO2 d’ici à 2030.
»Deal ». C’est par ce tweet que Charles Michel a salué, vers 19 heures, jeudi 10 décembre, l’accord qui a été trouvé entre les chefs d’Etat et de gouvernement européens, réunis à Bruxelles, pour que la Pologne et la Hongrie lèvent leur veto au plan de relance à 750 milliards d’euros et au budget communautaire 2021-2027 de 1 074 milliards. Le président du Conseil avait utilisé la même formule, au petit matin du 21 juillet, quand, après quatre jours d’âpres négociations, les Européens étaient parvenus à s’entendre sur ce vaste paquet financier que Varsovie et Budapest menaçaient de faire capoter.
Il en aura fallu, depuis le début de la pandémie en mars, des heures de discussions, des psychodrames à répétition et des marchandages à la virgule près pour en arriver là. Mais ce jeudi, les Vingt-Sept pouvaient se féliciter d’avoir donné corps à ce plan de relance, inédit pour l’Europe à bien des égards.
Parce qu’il est financé par un emprunt commun et qu’il déploiera des aides pour les pays les plus affectés par le Covid-19, il pose les jalons d’une construction communautaire plus fédérale et solidaire. Parce qu’il établit un lien, même imparfait, entre le respect de l’Etat de droit et le budget, il défend les valeurs de l’Union européenne (UE). « L’Europe avance, unie, et porte ses valeurs », a réagi le président français Emmanuel Macron.
Dans la dernière ligne droite, justement, c’est ce mécanisme de conditionnalité du versement des fonds au respect de l’Etat de droit, que la Pologne et la Hongrie jugeaient arbitraire et contraire aux traités, qui a failli faire dérailler le projet européen.
Finalement, il verra le jour sans que les frondeurs, visés par des procédures de Bruxelles pour des atteintes à l’indépendance de la justice ou des médias, aient obtenu sa réécriture.