Ils sont invités à élire leurs députés et à se prononcer sur une nouvelle Constitution. Texte décrié par une opposition prête à empêcher la tenue de ce double scrutin.
Par Maurice Duteil
Le coup d’envoi de la campagne des législatives et du référendum constitutionnel du 1er mars 2020 en Guinée a été donné à Conakry. Le président Guinéen, Alpha Condé, le rappelle à qui veut l’entendre : « Personne ne dicte à la Guinée ce qu’elle doit faire. Mon pays a une tradition d’indépendance depuis 1958. Il a l’habitude de prendre ses décisions.
Je m’occupe de ce que le peuple guinéen pense. S’il dit non au référendum, je m’incline. S’il dit oui, j’applique », a-t-il martelé, en marge du sommet de l’Union africaine, le 10 février 2020 dernier à Addis-Abeba. Le référendum tant décrié par ses adversaires aura donc bien lieu le 1er mars. Et il n’a que faire de ceux qui l’accusent de vouloir en profiter pour se représenter à la présidentielle d’octobre 2020 pour un troisième mandat.
A 81 ans, et après plus de neuf ans au pouvoir, Alpha Condé n’exclut pas de solliciter un troisième mandat, qui lui est constitutionnellement interdit. En effet, l’actuelle Constitution limite à deux le nombre de mandats présidentiels en Guinée. Le référendum constitutionnel du 1er mars se tiendra le même jour que les élections législatives maintes fois reportées. Mais pour les principaux partis de l’opposition, très remontés contre le chef de l’Etat guinéen, il n’est pas question de participer à cette « mascarade électorale ».
Les manifestations contre un troisième mandat se sont multipliées ces dernières semaines. A plusieurs reprises, des dizaines, voire des centaines de milliers de Guinéens, sont descendus dans la rue à l’appel d’un collectif de partis d’opposition, de syndicats et de membres de la société civile. Ils dénoncent un véritable « coup d’Etat constitutionnel ». Le mouvement a été durement réprimé. Il s’est accompagné de troubles à travers tout le pays. Au moins 28 civils et un gendarme ont été tués depuis la mi-octobre 2019.
Opposant historique, Alpha Condé a connu l’exil et la prison. Il a été le premier président démocratiquement élu en 2010 après des décennies de régimes autoritaires et militaires. L’opposition dénonce aujourd’hui une dérive « dictatoriale », alors que les partenaires de la Guinée s’inquiètent des risques d’une nouvelle crise qui pourrait fragiliser le pays. C’est le cas de l’Union européenne qui estime que « l’unité et la paix en Guinée doivent prévaloir sur les intérêts partisans ».
Le gouvernement a multiplié les mises en garde. « La puissance publique s’exercera dans toute sa rigueur envers ceux qui veulent troubler l’ordre public », a-t-il menacé l’opposition dans un communiqué.