Le président sortant, Alassane Ouattara, a mis en avant une offre de dialogue et de réconciliation nationale lors de son discours d’investiture pour son troisième mandat.
Par Maurice Duteil
Décrispation, dialogue, nouveau départ… Le président de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, investi lundi soir pour un troisième mandat, et l’opposition ont montré leur volonté de tourner la page de la crise suscitée par la présidentielle controversée du 31 octobre. La crise politique chez le ténor économique de l’Afrique de l’Ouest et le numéro un mondial du cacao a inquiété ses partenaires africains et occidentaux.
Alassane Ouattara, soixante-dix-huit ans, a mis l’accent, lors de son discours d’investiture, sur la réconciliation nationale et la nécessité ‘’d’aboutir à une décrispation du climat par le dialogue’’, après les tensions consécutives à l’élection présidentielle, qui ont fait 85 morts.
L’opposition n’avait certes dépêché aucun représentant à la cérémonie et continue de contester la légitimité du président. Mais le principal opposant, Henri Konan Bédié, lui-même ex-chef de l’Etat, avait proposé le 9 décembre un ‘’dialogue national’’ et annoncé la fin du régime de ‘’transition’’ prétendant remplacer le régime du président Ouattara. Les violences liées à la présidentielle ont cessé après une rencontre le 11 novembre entre Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié.
Ce dernier, en effet, a brigué un troisième mandat alors que la Constitution n’en prévoit que deux au maximum. Le chef de l’Etat sortant avait d’ailleurs annoncé en mars qu’il renonçait à une nouvelle candidature, avant de changer d’avis en août à la suite du décès surprise le mois précédent d’Amadou Gabon Coulibaly, désigné comme son successeur. Alassane Ouattara prétendait alors que la réforme constitutionnelle votée cinq mois auparavant avait remis à zéro le compteur de mandat présidentiel.
Autre tentative de tendre la main à l’opposition, Alassane Ouattara a indiqué lundi que, en vue des élections législatives du premier trimestre 2021, il avait demandé à son Premier ministre Hamed Bakayoko de ‘’reprendre les discussions’’ sur la Commission électorale indépendante (CEI). Cette dernière est jugée partiale par l’opposition, qui avait du coup boycotté la présidentielle du 31 octobre, permettant au président sortant de remporter 94 % des suffrages exprimés.
Des négociations sont en cours entre le pouvoir et l’opposition, dont certains dirigeants, comme son porte-parole Pascal Affi N’Guessan, sont incarcérés. Alassane Ouattara a promis lors de son discours la création d’un ‘’ministère de la Réconciliation nationale’’ dans le prochain gouvernement.
Treize chefs d’Etat africains étaient présents à la cérémonie. La France était représentée à l’investiture par son ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian. Alassane Ouattara, qui s’est une nouvelle fois t’argué d’un bon bilan économique avec une croissance de 6 à 11 % entre 2012 et 2019 (elle devrait être inférieure à 2 % cette année à cause du Covid mais la Banque mondiale prédit un rebond de 5 % l’an prochain). Une croissance due à l’afflux d’investissements étrangers et à des travaux d’infrastructures. Alassane Ouattara a toutefois promis d’ériger en priorité de son troisième mandat l’éducation et l’action sociale, points faibles de son action depuis 2010.