Les Championnats du monde se sont achevés le 6 octobre à Doha. Le Kenya se classe deuxième, l’Ethiopie confirme sa valeur et l’Ouganda continue sa progression.
Par Clinton Mombo
Il y a deux ans à Londres, l’Afrique avait obtenu vingt-huit médailles, dont dix en or. Cette année à Doha, les athlètes continentaux ont fait un tout petit peu moins bien. Mais le bilan reste tout de même positif, avec vingt-sept médailles (seize pour les hommes, onze pour les femmes). Comme en 2017, le Kenya s’est classé deuxième (avec cinq en or, deux en argent et quatre en bronze), l’Ethiopie a confirmé qu’elle restait une valeur sûre, alors que l’Ouganda continue sa progression.
Les performances des Africains, notamment sur les courses moyennes ou de longues distances, sont d’autant plus remarquables que ces Championnats du monde 2019 se sont déroulés sous une chaleur souvent extrême, à la limite du supportable. Portrait des neuf champions.
C’est l’année de la consécration pour l’Ougandaise Halimah Nakaayi, (24 ans), médaillée d’or sur 800 mètres. Elle s’impose désormais comme la meilleure spécialiste du 800 mètres. Son impressionnant sprint final lui a permis de conquérir un titre mondial en devançant les Américaines, alors qu’elle ne partait pas favorite.
Championne du monde et d’Afrique en titre, la Kényane Hellen Obiri, médaillée d’or sur 5 000 mètres. Après sa sa médaille d’argent à Rio en 2016, il était difficilement envisageable qu’Hellen Obiri ne s’installe pas sur la plus haute marche du podium qatari. A 29 ans, elle est au sommet de sa forme. A Tokyo comme à Alger en 2020, elle sera évidemment en position de force, même si sa compatriote Margaret Kipkemboi, deuxième à Doha, ambitionne de la dépasser.
Cette course que de nombreux athlètes ont dû abandonner à cause de la chaleur extrême, la Kényane de 25 ans, Ruth Chepngetich, l’a remportée, pour terminer avec près d’une minute d’avance sur Rose Chelimo, la Kényane naturalisée bahreïnie. La préparation de Ruth Chepngetich dans la région la plus chaude du Kenya aura donc été salutaire. Elle est médaillée d’or du marathon.
La Kényane Béatrice Chepkoech, Depuis la quatrième place obtenue à Londres en 2017, Béatrice Chepkoech (28 ans) obtient la médaille d’or sur 3 000 mètres steeple-chase et n’a cessé de progresser. Championne d’Afrique en 2018, elle a atteint l’objectif qu’elle s’était fixé à Doha. Mais depuis 2018, et le meeting de Monaco, où elle avait pulvérisé le record du monde de plus de huit secondes, beaucoup d’interrogations fleurissent autour de Béatrice Chepkoech en particulier et des athlètes venus du Kenya en général, puisque le pays est largement touché par le dopage.
C’était écrit pour le Kényan Timothy Cheruiyot, médaille d’or sur 1 500 mètres. Il y a deux ans, au Stade olympique de Londres, le jeune Kényan (23 ans aujourd’hui) avait échoué au pied de la plus haute marche du podium pour quelques fractions de secondes, laissant son compatriote Elijah Manangoi s’octroyer l’or. Cette fois-ci, Timothy Cheruiyot a amélioré de près de quatre secondes sa performance londonienne devançant l’Algérien Taoufik Makhloufi, considéré comme le spécialiste mondial du 1 500 mètres.
L’Ethiopien Muktar Edris, Champion du monde en 2017 et médaillé d’or sur 5 000 mètres devant Mo Farah, le Somalien naturalisé anglais. L’Ethiopien a réussi à conserver son titre à Doha, en améliorant sa performance londonienne de près de trente-quatre secondes.
L’Ougandais Joshua Cheptegei, ancien footballeur et médaille d’or sur 10 000 mètres. Joshua est également doué pour le saut en longueur, et qui occupe une partie de son quotidien en travaillant dans un commissariat de Kampala. Il est aujourd’hui le numéro 1 mondial du 10 000 mètres.
L’Ethiopien Lelisa Desisa, décroche la médaille d’or sur le marathon. Cette épreuve est d’abord l’affaire des coureurs d’Afrique de l’Est. Le podium 2019 le prouve, avec l’or et l’argent pour les Ethiopiens Lelisa Desisa et Mosinet Geremew, le bronze pour le Kényan Amos Kipruto. L’expérimenté Dedisa (27 ans), natif de l’Oromia, une région qui a fourni à l’Ethiopie de nombreux champions, avait remporté le prestigieux marathon de New York en 2018. Certes, il n’a pas battu au Qatar son record personnel (2 h 4 min 45 s), mais la chaleur de Doha y est sans doute pour quelque chose.
Le Kényan Conseslus Kipruto, champion du monde sur 3 000 mètres steeple-chase. On se souviendra sans doute longtemps de cette photo finish qui a consacré Kipruto. Pour un centième de seconde (8.01.35 contre 8.01.36), le Kenyan a devancé l’Ethiopien Lamecha Girma. Dans les faits, la victoire de Kipruto n’est pas vraiment une surprise, puisqu’il gagne à peu près tout depuis 2016, et son titre de champion olympique à Rio de Janeiro.