gouvernement béninois ne confirme pas le caractère djihadiste de l’assaut.
Par Maurice Duteil
Des hommes armés ont attaqué un poste de police dans le nord du Bénin, près de la frontière avec le Burkina Faso, où opèrent de nombreux groupes djihadistes, a-t-on appris, dimanche 9 février, de sources policières et d’habitants, faisant état d’un porté disparu et d’un blessé grave.
C’est la première fois qu’une attaque vise les forces de l’ordre béninoises, dans cette zone frontalière où deux touristes français avaient été enlevés et leur guide assassiné dans le parc de la Pendjari en mai 2019. Jusqu’à cet enlèvement, le Bénin faisait figure de havre de paix en Afrique de l’Ouest, où prolifèrent les groupes armés liés à Al-Qaida ou à l’organisation Etat islamique (EI).
Les assaillants, au nombre d’une dizaine, sont arrivés à moto avant de tirer en criant »Allah akbar » ( »Dieu est le plus grand », en arabe) sur les policiers du poste de Keremou, près de la ville de Banikoara, dans la nuit de samedi à dimanche. Selon un rapport de police interne auquel l’AFP a eu accès, quatre policiers étaient en faction cette nuit-là au poste de Keremou, un village isolé en brousse et difficile d’accès, à plus de 700 km au nord de Cotonou. Un policier « reste toujours introuvable » à la suite de cette attaque et un autre, gravement blessé après avoir « reçu une balle à la main droite et à l’oeil gauche », a été hospitalisé, selon la même source.
Les assaillants ont »garé les motos à quelques encablures du poste et ont évolué à pied jusqu’au poste où ils ont commencé à tirer dans tous les sens en poussant des cris “Allah akbar”, selon ce rapport. Le blessé a toutefois réussi à s’échapper en se cachant dans la végétation environnante et à rejoindre la ville de Banikoara, à environ 13 km, avec l’aide d’un cycliste croisé sur son chemin. Un policier en fonction dans la région a confirmé le déroulé de cette attaque, en restant évasif sur le sort du policier porté disparu. « Nous avons perdu un collègue dans cette attaque », s’est-il borné à déclarer.
»Difficile de dire si ce sont des braconniers ou des djihadistes », a indiqué cette source sous couvert d’anonymat, tout en soulignant les cris d’ »Allah akbar » lancés par les assaillants. Des habitants joints au téléphone ont eux assuré que le policier disparu avait été tué, une information difficile à vérifier dans l’immédiat. Une source à la présidence a pour sa part estimé qu’il serait »précipité de parler d’attaque djihadiste ».
Le poste de Keremou fait tampon avec le parc du W, qui s’étend sur le Bénin, le Burkina Faso et le Niger, et où la présence de djihadistes, mais aussi de braconniers a été enregistrée.
Une certaine coopération existe entre les uns et les autres, car ces groupes se financent notamment grâce au trafic d’armes, de carburant, d’or ou de bêtes sauvages.
Selon certaines sources de sécurité, le gouvernement béninois, qui avait déployé d’importants efforts pour sécuriser le parc de la Pendjari, avait récemment entrepris de faire de même dans le W, situé à quelques dizaines de kilomètres plus à l’est.
Des braconniers, équipés de fusils de chasse calibre 12 et à moto, auraient ainsi été aperçus dans les environs de Keremou peu avant l’attaque, selon ces sources.
Selon des experts et des sources de sécurité, le nord des pays côtiers d’Afrique de l’Ouest, comme le Togo et le Bénin, est devenu vulnérable ces derniers mois face à la stratégie d’expansion et de multiplication des fronts adoptée par les groupes armés.
Les deux Français enlevés alors qu’ils étaient en safari et transférés au Burkina Faso ont été libérés dans la nuit du 9 au 10 mai par les forces spéciales françaises en même temps qu’une Sud-Coréenne et une Américaine qui étaient captives depuis vingt-huit jours.
Les forces spéciales ont donné l’assaut alors que leurs ravisseurs s’apprêtaient à les faire passer au Mali, selon les autorités françaises. Deux soldats français avaient été tués au cour de l’opération.