L’ancien PDG conteste les conditions de son départ, révèle « Le Figaro ». Il exige ses droits à la retraite ainsi que ses actions de performance.
Par Maurice Duteil
‘’Ma démission de Renault, c’est une farce !’’ L’ex-président-directeur général du constructeur automobile, Carlos Ghosn, a décidé de poursuivre devant le conseil de prud’hommes son ancien employeur. Ce dernier conteste les conditions financières de son départ.
‘’Je réclame mes droits à la retraite ainsi qu’à tous les droits qui me sont acquis. J’ai d’abord voulu que cela se règle de façon amiable. Chacun connaît les conditions dans lesquelles j’ai dû quitter Renault : j’étais emprisonné ! Mais, que je sache, il existe un droit en France, il existe une justice. La façon dont tout cela s’est déroulé à ce moment-là sera connue’’.
Dans une lettre au conseil d’administration de la firme au losange, le 23 janvier 2019, Carlos Ghosn avait fait savoir sa ‘’décision de mettre un terme à [ses] mandats’’. Son départ avait été constaté par le conseil le lendemain, qui avait ensuite réduit au minimum sa rémunération au titre de 2018 et annulé ses actions de performances.
Ainsi, ‘’A l’époque, il était politiquement inenvisageable de faire un chèque à Carlos Ghosn, même si ce dernier avait écrit : “Il va sans dire, sans pour autant que ceci constitue une condition de la fin de mes mandats, que l’intégralité de mes droits tels que reconnus dans les documents sociaux et par la loi sera préservée.” Il estime, dès lors, que rien ne justifie la décision de Renault de le priver de ses droits à la retraite – qui devraient lui rapporter environ 770 000 euros par an – ni de ses actions de performances attribuables au titre des années 2015 et suivantes.
L’ex-PDG de Renault-Nissan-Mitsubishi a été arrêté à Tokyo le 19 novembre 2018 et inculpé pour abus de confiance et dissimulation de revenus. Les enquêteurs soupçonnent que le montant total non déclaré aurait pu atteindre 8 milliards de yens (65 millions d’euros) sur une période de huit ans. La justice japonaise estime également que M. Ghosn a transféré quelque 1,8 milliard de yens (près de 14,8 millions d’euros) de pertes liées à des investissements privés à Nissan.
Au printemps 2019, il était sorti de prison après que ses avocats avaient versé une caution de 1,5 milliard de yens (plus de 12 millions d’euros). Assigné à résidence au Japon, il devait attendre son procès prévu pour le printemps 2020. Mais le 29 décembre 2019, Carlos Ghosn a fui au Liban. Parallèlement, des enquêtes ont aussi été ouvertes en France pour différentes affaires.