Les populations exigent le départ de la Monusco. C’est un bilan qui s’alourdit un peu plus avec deux personnes qui ont de nouveau trouvé la mort au cours de manifestations. C’est la conséquence de l’exaspération des populations face aux massacres des civils par les rebelles ADF.
Par Maurice Duteil
Les manifestations de ce jour font suite à celles organisées la veille qui déjà exigeaient le départ de la mission onusienne en République démocratique du Congo. La Monusco étant accusée d’inaction face aux massacres dont sont victimes les habitants de Beni. Après le saccage de la mairie de Beni et la destruction d’une base de la Monusco dans la même ville hier, les manifestants ont reçu le soutien de plusieurs jeunes des villes de Goma et Butembo qui, à leur tour, sont descendus dans la rue.
À Butembo, il y a eu un mort du côté des manifestants, comme en témoigne un habitant qui a accompagné à l’hôpital Kambe Vrai Djo, décédé après qu’un policier a ouvert le feu sur lui. « Il y a un policier qui lui a tiré une balle dans le thorax. C’est pourquoi le monsieur est mort. » Le maire de Butembo, Sylvain Kanyamanda, ne dément pas l’information sur la mort d’un manifestant.
Mais il ajoute avoir ordonné à la police de ne pas ouvrir le feu sur la foule et affirme que la personne est morte à cause d’une balle perdue.
« On ne sait pas dans quelles circonstances cette personne est morte. Nous avons donné des consignes claires à nos forces de police afin d’épargner les vies humaines. Mais il arrive qu’on tire en l’air et alors il y a toujours un risque qu’une balle perdue puisse retomber sur quelqu’un. Cela a peut-être été le cas. Il faut attendre le rapport de terrain sur cet incident. »
Alors que les choses semblaient bien se dérouler à Beni, un nouveau drame s’est produit au moment où un groupe de manifestants s’est dirigé vers une base de la Monusco. Un jeune manifestant a été tué à bout portant, non loin de l’hôtel Albertine, dans le quartier Boikene.
Selon plusieurs témoins sur place, le jeune manifestant aurait été abattu par un casque bleu de la Monusco dont on ignore la nationalité. La mort de deux personnes mardi à Beni et Butembo allonge la liste des victimes depuis le début des manifestations contre la Monusco.
Les habitants de Beni, Butembo et Goma réclament le départ de la Monusco qu’ils accusent de ne rien faire pour les aider face aux incursions des rebelles ougandais ADF.
Les massacres perpétrés par l’ADF dans cette région ont déjà coûté la vie à plus de 3.000 personnes, selon les statistiques publiées par la société civile.