L’archevêque de Kinshasa, figure de proue de l’influente église catholique en République démocratique du Congo, a demandé mardi « au peuple de se tenir en ordre de marche » face au « mépris » dont il accuse la majorité parlementaire de l’ex-président Joseph Kabila.
Par Maurice Duteil
« Les jours à venir seront difficiles. Et je tiens ici à demander au peuple de se tenir en ordre de marche. Lorsque le moment viendra (…) il faudra qu’il nous trouve sur leur chemin », a déclaré le cardinal Fridolin Ambongo dans une homélie à l’occasion du 60e anniversaire de l’indépendance du Congo.
L’archevêque a souhaité la fin de la coalition au pouvoir issue d’un accord entre le président Félix Tshisekedi, vainqueur de l’élection fin 2018, et son prédécesseur Joseph Kabila, qui a gardé la majorité au Parlement.
« Les coalisés ne se font plus confiance (…) C’est de la responsabilité de ceux qui sont coalisés, le président et le président sortant, de faire éclater cette coalition ».
Le cardinal Ambongo dénonce surtout le comportement de « la majorité parlementaire actuelle » aux mains des amis de M. Kabila.
Il accuse la présidente de l’Assemblée, Jeanine Mabunda, de « mépris » sur la question du renouvellement à la tête de la très stratégique Commission électorale.
Mgr Ambongo dénonce aussi « une attitude de mépris, d’arrogance qui a caractérisé l’ancien régime (Kabila) » sur la question d’un projet de réforme de la justice défendu par deux députés pro-Kabila.
Il glisse que l’Eglise catholique « est déjà en ordre de marche (…) pour faire barrage » à ce projet.
Lundi soir, le président Félix Tshisekedi a prévenu qu’il « n’accepterait sous aucun prétexte » une réforme risquant de « porter atteinte à des principes fondamentaux régissant la justice ».
Les Etats-Unis ont déjà estimé que cette réforme risque d' »amoindrir l’indépendance de l’appareil judiciaire ».
L’église catholique – 40% des 80 millions de Congolais – a historiquement joué un rôle de contestation, sous la dictature du maréchal Mobutu dans les années 90 et dans les dernières années du régime Kabila (2017-2018). Les catholiques avaient dans les deux cas soutenu des marches réprimées dans le sang.