Le climat de tension qui règne depuis bientôt un mois entre l’Etat gabonais et le Groupe Veolia inquiète les milieux d’affaires français au Gabon où vivent plus de 10 000 Français. L’Ambassadeur de France au Gabon Dominique Rénaux et le président du Conseil du commerce extérieur français, Didier Lespinas, ont pris leur bâton de commandement pour partager avec le Premier ministre Issoze Ngondet et certains membres du gouvernement les inquiétudes et la peur des patrons français du Gabon à la suite de l’affaire Veolia.
Les Français du Gabon souhaitent un dialogue, à la fois apaisé et constructif avec l’Etat gabonais. Reçu en audience mercredi dernier par le Premier ministre gabonais, le diplomate français a dit à Emmanuel Issoze Ngondet que sa mission est de contribuer, avec les autorités gabonaises, à trouver des solutions aux nombreux problèmes qui se posent actuellement. Que les entreprises françaises parviennent, dans la plupart des cas et si possible de manière générale, à trouver un bon moyen d’équilibre entre l’intérêt général légitime (des populations) et les contraintes de rentabilités des entreprises.
Au cours de la même période, accompagné de plusieurs patrons français, Didier Lespinas a partagé les inquiétudes des hommes d’affaires français au Gabon au ministre de l’Economie, Régis Imongault et son collègue du Commerce, chargé des investissements, Madeleine Berre. La relation économique entre la France et le Gabon demeure excellente et historique. Elle ne changera pas de si tôt. M. Lespinas a rappelé que la France est un partenaire majeur du Gabon. Et d’ajouter : La France a aussi de nombreux intérêts connus de tous au Gabon. La guerre de communiqué, entre le gouvernement et Veolia, qui a suivie est totalement inhabituelle a l’entente légendaire entre les français et les gabonais.
En effet, Veolia qui était présent au Gabon depuis plus de 20 ans. Employant plus de 1 000 gabonais, ce groupe français qui détenait le monopole de la distribution d’électricité et d’eau au Gabon a vu son contrat de concession brusquement interrompu le 16 février dernier par le gouvernement mécontent de la qualité des services rendus aux gabonais. Dès la résiliation du contrat, le gouvernement a réquisitionné l’entreprise ce qui a laissé dire au groupe français que la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG, filiale locale de Veolia) a été nationalisée et le groupe français exproprié d’une entreprise dans laquelle il a investi 399 milliards de FCFA en 20 ans de présence dans le pays.
Le diplomate français qui a entamé une série d’audiences avec les autorités gabonaises, cherche à apaiser la tension et lance un appel au calme. Dominique Renaux st par ailleurs convaincu que sa mission est de contribuer à trouver des solutions aux problèmes qui se posent dans les relations entre les deux Etats. Les milieux d’affaires français au Gabon est en bouillonnement. On sait que la France est adepte de la diplomatie économique. Elle ne rate pas une seule occasion pour rappeler la dette de l’Etat auprès des entreprises françaises installées au Gabon. Les uns pour services rendus non payés, les autres pour non remboursement de la TVA.
Par ailleurs, Veolia n’est pas l’unique entreprise française en difficulté au Gabon. ADL, une société française qui gère l’aéroport de Libreville peine également à renouveler son accord déjà expiré. Le gouvernement gabonais a clairement indiqué qu’il ne renouvelle pas l’accord parce qu’en 30 ans de gestion par la société français, cet aéroport a été déclassifié plusieurs fois par l’OACI (Organisation de l’aviation civile internationale) et continue d’être menacé alors que chaque jour, Air France, fleuron de l’aéronautique française y décolle avec des centaines de passagers.
Le Gabon souhaite confier son aéroport au groupe singapourien Olam qui serait prêt à investir sur le plan de la sécurité, de la sureté et de la modernisation de la plate-forme. Le géant français du transport maritime, également présent dans plusieurs secteurs de l’économie gabonaise, a aussi été brimé. Olam a construit dans sa concession d’Owendo, un port moderne qui a soumis Bolloré à une concurrence sans précédent sur la côte ouest africaine où le français règne en maître absolu. Un accord de cogestion (Olam et Bolloré) a été trouvé du nouveau port construit par Olam.