Le président américain a critiqué la décision du réseau social d’ajouter une mise en garde à ses messages.
Par Maurice Duteil
Donald Trump a multiplié les menaces, mercredi 27 mai. Après avoir accusé, la veille, la plate-forme Twitter d’’’interférer’’ dans la campagne électorale américaine, le président des Etats-Unis a promis de ‘’réguler fortement ou de fermer’’ les réseaux sociaux. Sa porte-parole, Kayleigh McEnany, a évoqué la signature, jeudi, d’un décret présidentiel dont le contenu a immédiatement suscité de nombreuses interrogations compte tenu des pouvoirs réduits du chef de l’Etat en la matière en cas de blocage au Congrès.
Cette réaction courroucée a été déclenchée par la décision inédite et spectaculaire de Twitter d’ajouter une mise en garde à deux messages publiés mardi par Donald Trump, dans lesquels il défendait la thèse contestée selon laquelle le vote par correspondance faciliterait la fraude électorale. Le président ne cesse de répéter cette affirmation alors que la pandémie de Covid-19 incite de nombreux Etats à envisager d’étendre ce mode de scrutin pour éviter le risque de contagion. Il est revenu à la charge mardi en ciblant la Californie, théâtre potentiel, selon lui, d’’’une élection truquée’’.
Pour la première fois, Twitter a ajouté un lien au message du président invitant ses lecteurs à vérifier ses affirmations. Il renvoie à un court article indiquant que le président a publié ‘’une série d’allégations’’ qui sont ‘’sans fondement, selon CNN, le Washington Post [deux médias régulièrement critiqués par Donald Trump] et d’autres’’. ‘’Les experts affirment que les bulletins de vote envoyés par la poste sont très rarement liés à la fraude électorale’’, conclut le texte.
‘’Ces Tweet contiennent des informations potentiellement trompeuses sur le processus électoral et ont été signalés pour fournir du contexte additionnel au vote par correspondance’’, a assuré une porte-parole du réseau social en se référant à une nouvelle politique de Twitter. Cette société ‘’est en train de brider complètement la liberté d’expression et, en tant que président, je ne les laisserai pas faire !’’, a pesté Donald Trump. ‘’Nous avons toujours su que la Silicon Valley ferait tout son possible pour empêcher le président Trump de transmettre son message aux électeurs’’, a renchéri son directeur de campagne, Brad Parscale.
La décision de Twitter s’inscrit dans une démarche qui l’a conduit à refuser de publier des publicités politiques, à la différence du mastodonte Facebook. En mars, la firme avait déjà retiré deux messages du compte officiel du président du Brésil, Jair Bolsonaro, dans lesquels il remettait en cause le confinement décidé pour lutter contre la pandémie.