La sécheresse et les deux épisodes caniculaires n’ont pas aidé, mais c’est surtout un printemps froid et pluvieux qui a mis en péril certaines ruches. 2019 sera une année noire pour les apiculteurs. Les apiculteurs de Drôme et d’Ardèche tirent un premier bilan, même si la récolte n’est pas encore terminée.
Par Maurice Duteil
Pas de miel dans les ruches cette année, disait l’Union Nationale des Apiculteurs sur Twitter il y a quelques jours. 2016 avait déjà été une année noire, avec moins de 10 000 tonnes de miel récolté, soit quasi deux fois moins qu’en 2015. En 2018, on arrivait à 28 000 tonnes, une belle remontée. Quel sera le résultat pour 2019 ? Il semblerait que les ruches n’aient pas donné la moitié de ce qu’elles auraient dû pour l’instant. Les professionnels s’attendent à une chute de 70%.
En Drôme- Ardèche, le premier bilan est pessimiste. Il ne reste plus que le miel de lavande à récolter pour les apiculteurs de cette région, mais les premiers chiffres montrent une année très difficile, selon Frédéric Bourgeaud, président du syndicat des apiculteurs de Drôme-Ardèche. Il faudra attendre septembre pour un bilan définitif. Du gel pendant les périodes de floraison, puis ensuite, canicule et sécheresse, ces aléas météorologiques ont déstabilisé l’écosystème des abeilles. Il n’y a pas eu assez de nectar dans les plantes et les fleurs donc les abeilles n’ont pas eu assez à manger. Elles sont sorties de leurs ruches pour aller chercher de l’eau, afin de rafraîchir leur habitat.
La baisse possible de la production de miel concerne surtout les miels de ronces, de trèfle blanc, de châtaignier et de bruyère. Tout le territoire français est touché sauf la Bretagne. Pour beaucoup d’apiculteurs, c’est donc « un zéro pointé en terme de niveau de récolte de miel jusqu’à maintenant », a expliqué Gilles Lanio, président de l’Union nationale de l’apiculture française (Unaf).
« Certains comptaient sur le miel d’été pour se rattraper, mais une canicule peut tout stopper », s’est alarmé le président de l’Unaf, estimant que la récolte d’été était « très mal engagée ».
Ainsi, certains professionnels du Massif central ou des alentours de Montpellier annoncent déjà qu’ils ne feront pas de miel cette année, selon lui. Parfois, les conséquences sont même plus graves :
C’est malheureux mais certains vont abandonner le métier, car c’est trop dur à tenir. La Bretagne semble avoir été épargnée. La récolte de miel de printemps (notamment sur colza et pissenlit) a été globalement bonne au printemps, mais après, « il y a eu aussi une période de disette ». Les apiculteurs attendent l’automne, pour faire les comptes.
Dans certaines régions, il y a encore quelques stocks de miel restant de 2018, mais la France importe déjà chaque année deux tiers des miels vendus. Chine, Espagne et Ukraine sont les premiers importateurs de miel. La France consomme environ 40 000 tonnes de miel par an.
Ces mauvaises prévisions vont de pair avec la disparition importante des abeilles. Les apiculteurs ont de lourdes pertes d’abeille. 5 à 10 % chez les abeilles domestiquées, et chez les abeilles sauvages, 40% des espèces sont en danger de disparition.