Le mercredi 12 février 2020, l’Organisation mondiale de la Santé a fait savoir qu’elle rallongeait la qualification de l’épidémie d’Ebola en République démocratique du Congo comme une urgence internationale, malgré une chute récente du nombre de cas jugée « extrêmement positive ».
Par David B. Hauce
Il n’y a pas que le coronavirus qui mobilise les énergies de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), sise à Genève. Il y a aussi le virus Ebola dont la dernière épidémie en République démocratique du Congo (RDC) s’est déclarée en août 2018. Partie de la localité de Mangina dans le Nord-Kivu, qui aujourd’hui s’est vidée de ses habitants, l’épidémie a continué de sévir dans cette région et s’est étendue à celle d’Ituri, également en proie à des violences ethniques.
Environ 2 300 décès ont été enregistrés, avec une baisse de la progression du nombre de morts considérée comme extrêmement positive par les spécialistes de la maladie. Est-il possible dès lors d’affirmer que l’épidémie d’Ebola doit cesser d’être considérée comme une urgence mondiale ?
Non, a répondu l’OMS le 12 février 2020. Tout en se déclarant certes optimiste face à la diminution des cas enregistrés récemment, le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, reste prudent pour l’avenir. « Nous sommes très encouragés par la tendance actuelle », avec « seulement trois cas la semaine dernière et aucun au cours des trois derniers jours », a-t-il dit à la presse. Toutefois, « tant que nous n’avons pas de cas pendant 42 jours, ce n’est pas fini », a-t-il souligné, en référence à la période de sûreté correspondant à deux fois la durée d’incubation. Et d’insister sur le fait que « ce n’est pas terminé. Un seul cas peut faire repartir l’épidémie. » A quoi s’ajoute une préoccupation liée à la situation sécuritaire « fragile » qui prévaut dans l’est de la RDC.
La décision de requalifier ou non la maladie revient à la commission des urgences de l’OMS, un groupe d’experts internationaux qui se réunit tous les trois mois dès qu’une épidémie est déclarée. La qualification en juillet 2019 d’urgence sanitaire mondiale’’ avait été décidée après le diagnostic d’un patient atteint du virus dans la ville de Goma, premier cas dans un grand centre urbain.
La lutte contre cette fièvre hémorragique est régulièrement perturbée par l’insécurité due à des violences armées dans les provinces de Beni et d’Ituri. En novembre 2019, l’OMS avait annoncé avoir dû retirer 49 de ses personnels de la région de Beni en raison de l’insécurité.
La résistance d’une partie des populations (déni de la maladie, refus de la vaccination, de l’hospitalisation des proches contaminés et des enterrements) complique également la tâche des travailleurs humanitaires. Cette épidémie en RDC est la plus grave de l’histoire d’Ebola depuis celle qui a touché l’Afrique de l’Ouest – principalement la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone – entre fin 2013 et 2016. Le virus a été identifié en 1976 en Afrique centrale.
Transmissible par le sang, les fluides corporels, les sécrétions ou les organes d’un malade ou d’une personne récemment décédée, le taux de mortalité d’Ebola est particulièrement élevé, jusqu’à 90%, dans certains cas, selon l’OMS.