Sans évoquer directement la mobilisation contre les violences policières, il a alerté sur les risques de dévoiement du »noble combat » anti-raciste en »communautarisme ».
Par Maurice Duteil
Pas un mot sur la mobilisation en cours. Dans son allocution, dimanche 14 juin, Emmanuel Macron a esquivé la question des manifestations contre les violences policières et le racisme, qui secouent la France depuis presque quinze jours.
Alors que la veille un rassemblement avait réuni 15000 personne à Paris selon la préfecture (bien davantage selon les organisateurs, qui évoquent des dizaines de milliers de personnes), le chef de l’Etat a choisi de jouer sa partition du »en même temps », au style indirect. Il a apporté son appui aux forces de l’ordre »qui méritent le soutien de la puissance publique et la reconnaissance de la nation » tout en condamnant le racisme et les discriminations.
Emmanuel Macron a cependant déséquilibré la balance de son discours en alertant sur les risques de dévoiement du « noble combat » contre le racisme en »communautarisme », susceptible d’être »récupéré » par des »séparatistes ». Le tout cependant, sans jamais nommer de qui vient le danger. Ce flou a suscité la colère, sur les réseaux sociaux, de nombre de militants, qui ont dénoncé l’amalgame et regretté que le président de la République reste »sourd aux colères citoyennes ».
Samedi, c’était la deuxième fois en dix jours que le comité Vérité pour Adama, du prénom du jeune homme mort à la suite d’une interpellation musclée dans le Val-d’Oise en juillet 2016, mobilisait, réunissant anonymes et vedettes (le réalisateur Ladj Ly, l’acteur et réalisateur Mathieu Kassovitz…), fidèles du comité Adama et »gilets jaunes », jeunes et vieux, Noirs et Blancs, militants de Lutte ouvrière, antifascistes, anciens et nouveaux militants du combat contre les violences policières. Il appelait à dénoncer »la violence policière (…), la violence sociale (…), la violence raciale », selon les mots d’Assa Traoré, la grande sœur d’Adama et porte-parole de la famille.