Le lundi 30 septembre 2019 s’ouvrait le ‘’grand dialogue national’’ à Yaoundé au Cameroun. A ce titre des centaines de participants sont attendus en vue de trouver les voies et moyens d’en finir avec le conflit dans les régions anglophones, un conflit qui aura duré 3 ans, occasionnant 3 000 morts, près d’un demi-million de déplaces, 40 000 réfugiés.
Par Maurice Duteil
Ce ‘’grand dialogue national’’ convoqué par le président Paul Biya génère beaucoup d’espoir au Cameroun, mais beaucoup d’incertitudes aussi.
Le palais des Congrès de Yaoundé aménagé pour la circonstance, c’est dans cette immense bâtisse que vont se dérouler les débats de ce grand dialogue national. Les travaux qui se sont ouverts lundi matin par une séance plénière vont courir jusqu’à vendredi prochain.
Ces dix derniers jours, le Premier ministre Joseph Dion Ngute a consulté, sous un rythme effréné, des chefs de partis politiques, des leaders d’opinion et associatifs de tout ordre, des chefs traditionnels et religieux afin de récolter leurs propositions et d’arrêter la liste des participants à ces assises.
Premier fait marquant, à ce sujet : la sortie exceptionnelle du chef de l’État, le 10 septembre dernier, tranche avec l’image d’un président indifférent à ce qui se passe dans les régions anglophones. Le signe pour certains d’une implication personnelle, un geste fort.
Autre facteur d’espoir : l’adhésion d’un nombre important d’acteurs qui ont répondu présents et la mobilisation de la communauté internationale.
Cela dit, plusieurs facteurs poussent certains observateurs à la circonspection : l’absence d’un médiateur neutre puisque le gouvernement camerounais est partie au conflit, l’absence de certaines figures les plus critiques de la société civile camerounaise, l’absence du leader de l’opposition Maurice Kamto, qui reste en détention préventive, et surtout l’absence des principaux leaders indépendantistes, pour qui les conditions ne sont pas remplies.
Pour ces derniers, les négociations ne peuvent se tenir qu’en terrain neutre et uniquement sous les conditions de la partition du pays. Ce sujet est de toute façon exclu du programme officiel des débats, tout comme le sujet sur la forme de l’État souhaité par certains acteurs comme le Social democratic front (SDF) et même quelques leaders francophones qui sont favorables à un retour à un régime fédéral.
Le secrétaire général adjoint du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), parti présidentiel, et ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Grégoire Owona attend de ce fait la présence de tous les invités pour y statuer.