Après l’ouverture du feuilleton État gabonais contre Veolia-SEEG, c’est le tour d’un autre géant économique français qui est dans l’œil du cyclone. Le Gabon demande des comptes, par la voix du plus proche collaborateur d’Ali Bongo Ondimba, et sur instruction de ce dernier. L’État semble plus que jamais résolu à se faire respecter en rappelant aux opérateurs économiques faisant du profit sur son sol, leurs obligations contractuelles.
Faisant du profit sur son sol gabonais est une bonne chose pour les opérateurs économiques. Mais lorsqu’on le chef de l’Etat rappelle dans son discours du 31 décembre dernier que les obligations contractuelles doivent être respectées, cela pose problème et suscite plusieurs réactions en sens divers. Le groupe Eramet connu par son entremise Comilog n’a pas tenu au contrat signé à l’époque en 2010. Défaut de paiement par celle-ci des frais de consignation au profit de plusieurs entités de la chaîne de transport, la taxe est inexistante sur les cargaisons de la Comilog : d’abord sur ses intrants, à l’instar du coke, ensuite sur ses produits à l’exportation.
Pourtant, il existe une convention entre l’Etat gabonais et la Comilog, validée par le Parlement. Contrairement à la loi, tous les produits de cette société à l’import comme à l’export ne sont pas taxés. Déjà en décembre 2017, le navire contenant les cargaisons de la Comilog avait été bloqué en rade et les bateaux de la compagnie investis au port d’Owendo pour les mêmes raisons. Il y a aussi cette affaire de la perception d’une commission, dénommée « Commission sur le Droit de Trafic » (CDTS).
Contrairement aux transporteurs maritimes des cargaisons de minerais qui s’exécutent en contrepartie de leur participation au trafic de marchandises généré par le commerce extérieur de la République Gabonaise, et en application des dispositions de l’article 10 de l’ordonnance 009/PR/2014 du 20 août 2014 portant encadrement du trafic de fret généré par le commerce intérieur et extérieur de la République Gabonaise. Comilog allègue qu’elle n’est pas un transporteur maritime. Ainsi, le Gabon souhaiterait renégocier le contrat en cours selon les bruits du palais.
Tous les opérateurs économiques au Gabon doivent respecter les clauses de leurs contrats signés. Le Directeur du Cabinet du Président de la République s’est donc rendu dans un voyage d’affaires en France. Au palais de l’Elysée, il aurait rencontré des conseillers d’Emmanuel Macron pour leur tenir informé qu’Eramet n’aurait pas respecté certains des engagements de la convention signée avec l’Etat gabonais ; et que par conséquent, le Gabon souhaitait renégocier cet accord. La requête de Brice Laccruche Alihanga aurait été confiée à Jean-Louis Borloo pour qu’il la relaie au groupe minier français. Pour l’instant, Eramet reste de marbre.