Guillaume Soro, 48 ans, a été officiellement investi ce dimanche candidat à l’élection présidentielle d’octobre 2020 par son mouvement, Générations et peuples solidaires (GPS). La convention d’investiture a eu lieu Abidjan en son absence.
Par Maurice Duteil
Viendra ou ne viendra pas ? Pendant un peu plus de quatre heures, les organisateurs de la convention d’investiture de Guillaume Soro se sont amusés avec la rumeur d’un retour imminent de leur leader, tenant en haleine les quelque 600 sympathisants regroupés dans la salle de réception de l’hôtel Belle Côte. « Il va revenir ! », promet-on à la tribune. « D’ailleurs, qui nous dit qu’il n’est pas déjà là, à Abidjan ? ». La salle bouillonne et certains commencent à y croire dur comme fer. « Il va débarquer, c’est sûr « , chuchote un jeune homme à son voisin.
Malgré un dernier subterfuge de la porte-parole de Générations et peuples solidaires, Minata Zié, invitant l’auditoire à fixer la porte d’entrée, le scénario hollywoodien n’aura pas lieu. Et si son portrait trône en 4 par 3 au dessus de la scène principale, si son nom est mis à l’honneur par tous les intervenants, Guillaume Soro n’apparaît pas parmi les siens. Les membres de la « galaxie soroïste » – constellation de partis politiques, mouvements, club de soutiens ou associations pro-Soro – n’auront même pas de quoi se consoler avec une intervention vidéo de celui qu’ils surnomment « Président ».
Mais si la promesse n’a pas été tenue, l’organisateur Yéo Lassina assure que son retour est pour bientôt, et que cette convention d’investiture n’est qu’une répétition. « L’investiture a proprement parlé, nous l’attendons, parce que le candidat sera bientôt parmi nous. Dès qu’il sera là, vous allez voir ce ne sera pas dans une petite salle que nous allons le retrouver mais dans un stade ou ailleurs ».
Ancien chef rebelle, ex-Premier ministre (2011-2012) et ex-président de l’Assemblée nationale (2012-2019), Guillaume Soro vit en France depuis qu’un mandat d’arrêt a été émis contre lui en décembre 2019 par la justice ivoirienne. Il a également été condamné à 20 ans de prison in absentia en avril dernier pour « recel de détournement de deniers publics », une décision judiciaire que ses partisans jugent infondée et politiquement motivée. Par ailleurs radié des listes électorales, le dossier du candidat Soro pourrait être invalidé par le Conseil Constitutionnel, ce à quoi les militants ne veulent pas croire.
« Si la candidature de Guillaume Soro est invalidée en Côte d’Ivoire, c’est clair qu’il y aura un soulèvement populaire. Mais je vous garantis que cela ne va pas dépasser une semaine, parce que Ouattara s’en ira », estime un sympathisant. Un autre assure : « Sa candidature ne sera pas invalidée, il est bel et bien candidat. Si sa candidature est invalidée, il n’y aura pas d’élection en Côte d’Ivoire ».
« Notre candidat est bel et bien éligible » a martelé Minata Zié, coordinatrice du mouvement GPS, tandis que d’autres cadres pro-Soro ont lancé des appels à la Cédéao et à la France pour « ne pas laisser apparaître une seconde crise électorale ».
Outre les louanges qui lui ont été adressées, la convention a été marquée par la minute de silence en hommage aux victimes des manifestations du mois d’août en Côte d’Ivoire, et par les appels répétés à la libération des parlementaires et militants du mouvement, dont 14 sont emprisonnés depuis un peu plus de huit mois.