Des millions d’électeurs démocrates sont invités à voter ce mardi pour désigner le candidat qui les représentera à la présidentielle.
Par Maurice Duteil
Aux États-Unis, les primaires du Parti démocrate pour la course à la Maison-Blanche vont connaître un tournant mardi 3 mars avec le « Super Tuesday » (super mardi) : ce jour-là, ce sont 14 États, avec les îles Samoa américaines et les électeurs démocrates de l’étranger, qui votent en même temps. Jusque-là, les scrutins ont eu lieu État par État. Ce « Super Tuesday » permettra d’y voir plus clair entre les différents candidats en lice, comme le favori Bernie Sanders, Elizabeth Warren, Joe Biden ou encore Michael Bloomberg, qui se frottera aux suffrages pour la première fois.
Depuis la pointe nord-est des États-Unis jusqu’au milieu du Pacifique, les primaires démocrates organisées mardi couvrent un immense territoire. La Californie, État farouchement progressiste aux 40 millions d’habitants, pèsera de façon décisive. Le Texas (30 millions d’habitants) sera l’autre poids lourd de la journée. Puisque les États du « Super Tuesday » reflètent la diversité sociale et économique des États-Unis, cela sera l’occasion pour les candidats de démontrer qu’ils peuvent séduire partout… ou, au contraire, de voir exposée au grand jour leur incapacité à convaincre des électeurs assez variés pour avoir une chance de remporter la Maison-Blanche. Avec un territoire si vaste et divers mode de scrutin, notamment par courrier, les résultats pourraient mettre du temps à arriver.
Plus encore que le nombre d’électeurs, c’est surtout le fait que plus d’un tiers des délégués seront distribués d’un coup qui fait de cette journée un moment clé dans le calendrier électoral américain. En effet, pour décrocher l’investiture démocrate, un candidat doit afficher une majorité absolue (1 991) de ces délégués, assignés proportionnellement aux scores engrangés dans chaque primaire. Or, 1 357 délégués seront attribués lors du seul « Super Tuesday ». Par comparaison, seulement 155 ont été distribués jusqu’ici.
Bernie Sanders domine les sondages dans les deux États les plus riches en délégués : la Californie (415 délégués) et le Texas (228). Il faut impérativement qu’un candidat fasse plus de 15 % pour recevoir des délégués. Ce qui représente un danger potentiel pour les candidats modérés, qui se divisent les suffrages face à Bernie Sanders.
Après avoir déjà dépensé plus d’un demi-milliard de sa fortune personnelle pour financer ses publicités de campagne, l’ancien maire de New York va pour la première fois affronter le verdict des urnes. Un premier débat raté et une deuxième performance peu convaincante ont fait baisser sa courbe dans les sondages, mais il figure toujours en troisième place, derrière Bernie Sanders et Joe Biden.
Le prétendant démocrate à la Maison-Blanche sera officiellement désigné lors d’une convention organisée, du 13 au 16 juillet, à Milwaukee dans l’État du Wisconsin. Fait rare : avec une course aussi haletante, il est possible qu’aucun candidat n’arrive avec en poche la majorité absolue nécessaire pour gagner.
Le grand favori Bernie Sanders argue déjà que celui qui aura alors le plus de délégués devrait être désigné vainqueur. Mais il est seul, ses rivaux appelant à s’en tenir aux règles du Parti démocrate. Celles-ci énoncent que si personne n’obtient la majorité lors d’un premier tour, les délégués dits « assignés » deviennent libres de voter pour quelqu’un d’autre au deuxième tour. Et quelque 770 « super-délégués », des notables et élus du parti, entrent alors aussi en piste avec le pouvoir de faire basculer le scrutin. Du fait de son statut d’ancien vice-président, Joe Biden est lui-même un « super-délégué ».