Malgré les mises en garde sur sa qualité et l’interdiction d’en vendre, l’eau en sachet continue à garder garde. Si à Libreville elle est remplacée par le gobelet en plastique, dans d’autres villes elle se vend toujours en sachet. Elle reste la seule eau à peu près « potable » accessible à un grand nombre de citadins.
Les vendeurs d’eau en sachet sont actuellement les plus heureux des hommes. La chaleur est caniculaire et ils n’ont pas de mal à écouler leur marchandise sur les routes ou grandes artères à ceux qui veulent étancher leur soif. La décision du gouvernement relative au retrait de l’eau en sachet du circuit de vente a été mise en exécution dans la cité pétrolière. Cette mesure qui s’adressait aux producteurs, distributeurs et autres vendeurs avait été rendue publique par le ministère de l’Economie.
D’un goût parfois visqueux, la qualité de cette eau n’est pas toujours bonne. Mais avec le soleil de Libreville, Port-Gentil et autres villes du pays, nombreux sont ceux qui préfèrent le prix et non la qualité. Car dépenser chaque fois 600 FC pour une bouteille d’eau Andza c’est trop cher par rapport à 100 FC pour un sachet qu’on ne ressent pas dans le budget. L’eau en bouteille est hors de portée de la plupart des consommateurs. D’autres se contentent même de bouillir l’eau de la SEEG. « La bouillir, c’est éliminer les éléments nutritifs. Par exemple, le chlore s’évapore avec la chaleur », précise un chef de division technique à la SEEG.
Toute la question est là. Que boire, à part les onéreuses bouteilles, pour être sûr de boire de l’eau potable sans risque ? Pour beaucoup, c’est cette eau en sachet ou rien. C’est sans doute pour cette raison que la décision d’interdire la vente d’eau en sachet n’est toujours pas appliquée. C’est dans le souci, disait-il, de préserver l’environnement et d’améliorer les conditions de vie des populations. Mais qu’est-il proposé pour remplacer ces sachets ?
Les agents de la direction provinciale de la concurrence et de la consommation ont fait le tour des commerces pour sommer les opérateurs de ne plus vendre cette eau dont la qualité a été décriée, en raison des mauvaises conditions d’hygiène. La décision sus-évoquée est intervenue à la suite d’analyses faites sur les échantillons d’eau recueillies après des missions de terrain. Pour les cas spécifiques du Port-Gentil, une enquête a été menée par les services depuis le mois de décembre 2017. Des échantillons ont été également prélevés et envoyés au laboratoire d’Owendo pour analyse. Les résultats indiquent que cette eau est impropre à la consommation humaine du fait de mauvaises conditions d’hygiène et de sécurité, a assuré Florent Ndong Maure, directeur provincial de la concurrence et de la consommation de l’Ogooué-Maritime cité par le quotidien gouvernemental.
Dans leur mission, les agents de cette administration auraient surpris des promoteurs de ce produit en train de s’approvisionner en eau dans les vestiaires. Cette eau est, selon un constat, très consommée par les sportifs amateurs et les élèves qui s’intéressent au prix du sachet qu’à la qualité du produit. Les vendeurs notamment les détaillants choisissent alors d’établir leurs étals à proximité des établissements scolaires et des aires de jeu pour l’écouler plus facilement.
Au demeurant, Florent Ndong Moure invite les opérateurs économiques à coopérer d’autant que la mesure gouvernementale vise à épargner les populations des risques de santé liés à la consommation de cette eau. Il les a également appelés à se conformer aux exigences requises en matière de vente de ce type de produits, notamment l’obtention des autorisations délivrées par les services compétents.
Et gare aux commerçants véreux. Car, celui qui sera pris en flagrant délit fera l’objet des poursuites judiciaires. Les consommateurs sont aussi invités, à ne pas céder à la facilité, en dénonçant les opérateurs qui continueront de vendre de l’eau en sachet. « Nous savons que le prix du sachet attire de nombreux consommateurs mais ils doivent être vigilants et alerter la direction provinciale de la concurrence et de la consommation lorsqu’ils seront en présence de cette eau. Leur santé en dépend. Certes, nous avons déployés des équipes sur le terrain, mais cela ne suffit pas. Car nous savons que les commerçants ont l’habitude de dissimuler la marchandise. Donc, que les consommateurs se rapprochent de nos services chaque fois qu’ils s’apercevront de la roublardise des commerçants », a insisté M. Ndong Moure.