Dans le pays où la forêt se mêle à la savane et aux plaines côtières, l’exploitation du bois puis du pétrole a laissé le secteur agricole en friche.
Par David B. Hauce
Au Gabon, l’exploitation du bois pendant la période coloniale, puis du pétrole à partir des années 1970 a laissé le secteur agricole en friche.
Cette économie de rente a fait germer l’idée dans l’esprit de nombreux Gabonais, que « le travail de la terre était un sous-métier. Depuis la chute des cours de l’or noir en 2014 et l’explosion du chômage qui a suivi, les autorités tentent désespérément d’inciter les populations à mettre les mains dans la terre. Ici, le dicton populaire dit : ‘’Jetez une graine, le lendemain vous aurez un fruit ‘’. Le climat, chaud et humide où alternent saisons sèches et saisons des pluies, offre au Gabon un fort potentiel agricole, estiment les experts.
Pourtant, sur les étals des commerçantes aux alentours, les fruits et légumes soigneusement disposés viennent pour la plupart de l’étranger. Ceux du Gabon sont l’exception. « Le manioc et la banane viennent d’ici, parfois les avocats. Tout le reste arrive directement du Cameroun pays voisin.
Huguette Biloho Essono, chargée du programme à l’agence de l’ONU pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) au Gabon explique que : Dans les assiettes des ménages, plus de la moitié des aliments viennent de l’étranger. Cette dépendance vis-à-vis de l’extérieur est très préoccupante. Imaginez une seconde les conséquences si la frontière avec le Cameroun venait à fermer.
Le faible poids de l’agriculture est devenu encore plus inquiétant depuis la crise qui a poussé le gouvernement à y investir plus fortement ces dernières années. Mais cinq ans plus tard, les progrès sont encore peu visibles, selon la plupart des professionnels interrogés. En cause : l’insécurité foncière, l’absence de circuit de distribution et d’infrastructures. Mais aussi le manque de main-d’œuvre agricole formée et disponible dans le pays où près de neuf habitants sur dix résident en ville.
Le ministre Biendi Maganga Moussavou en charge de l’agriculture reconnait que : Convaincre ces Gabonais urbanisés de retourner vivre dans les terres n’est pas chose simple. Notre ambition est d’attirer de plus en plus d’étudiants vers les formations agricoles, notamment en suscitant des vocations chez les plus jeunes.