Au Soudan, le pouvoir vient d’abroger officiellement toute une série de lois restrictives appliquées sous l’ancien régime. Le Conseil souverain a entériné ce qu’on appelle le Miscellanous Amendments Act, qui remplace d’anciens articles du Code pénal utilisés par l’ex-président Omar el-Bechir. Des articles longtemps critiqués par les défenseurs des droits de l’homme.
Par David B. Hauce
On retrouve dans cet amendement l’esprit progressiste de la révolution soudanaise. Le texte proclame la fin du crime d’apostasie, puni auparavant par la peine de mort. On pense là au fameux cas de Meriam Yahya Ibrahim, condamnée en 2014 à la pendaison après avoir épousé un chrétien.
La loi criminalise les mutilations génitales féminines, notamment l’excision, subies par près de 90% des Soudanaises. Une pratique désormais punie de trois ans de prison, même si les activistes estiment qu’il ce ne sera pas facile de sensibiliser étant données les crises économiques et sanitaires en cours.
Les non-musulmans sont autorisés à boire de l’alcool en privé. La consommation, vente et production d’alcool avaient été interdites en 1983 sous Jaafar Nimeiri, qui avait jeté des bouteilles de whisky dans le Nil à l’époque.
Autres mesures emblématiques : la fin de la flagellation, de la peine de mort pour les mineurs, et les mères peuvent désormais sortir du pays avec leur enfant sans autorisation du mari.
En réaction, dimanche, plusieurs religieux du courant islamiste ont appelé à manifester vendredi prochain contre cette réforme, et même demandé à l’armée de renverser le gouvernement.
Malgré tout, le pouvoir a promis de continuer. « Nous voulons éradiquer toutes les discriminations de l’ancien régime », a déclaré le ministre de la Justice. Certains pressentent maintenant la fin de la Personnal Status Law, qui régit notamment les mariages et les divorces. Un texte très restrictif pour les femmes.