Nous avons cette fâcheuse propension à travestir un fait ordinaire sinon banal en acte héroïque. De partout, cela enfle et prend des proportions d’une étonnante gravité, tout en suscitant un intérêt quasi général. Grand est mon effarement autant que ma stupéfaction est totale. Le sujet phare qui agite et préoccupe les gabonais, ces derniers jours est de savoir comment s’est faite la sortie d’Arnaud Engandji Alandji du gouvernement ? Volontaire par démission ou contrainte par limogeage.
Par Teddy Ossey
Les camps se forment. Il faut choisir de quel côté se situer. Toute cette agitation n’est pas vaine. Si d’aventure, l’ex ministre se serait retiré volontairement en posant sa démission. Il devient ainsi un héros aux yeux de tous ces aficionados et ces derniers peuvent crier haro sur le gouvernement.
Par contre, s’il est prouvé que c’est le Premier Ministre qui a mis fin aux fonctions d’Arnaud Engandji, alors ce dernier sera moqué ainsi que raillé et avec lui, tous les soldats têtus dont il était le parrain. Les voilà désormais orphelins.
Cette interprétation biaisée d’un acte somme toute normal et ordinaire, va conduire à des déchirements et à des diatribes insoupçonnés. Faites un tour sur la toile et vous constaterez que le seuil d’outrance à exploser et que l’apologie de l’abject et du non-sens s’impose de manière absolue.
Ce n’est pourtant pas si difficile à comprendre. L’on ne devient ministre, que par un jeu de principes subjectifs et de raisons personnelles, à la seule discrétion de celui qui nomme. Si cela est admis dans un sens. Il va de soi, que pour d’autres raisons et d’autres principes, dont la motivation n’est guère exigée. La perte du strapontin obéisse au même processus discrétionnaire. Aussi simple que ça !
Il n’y a donc pas lieu de raser les murs ou de fléchir sous le poids d’une honte supposée. Certes, devenir ministre est un rare privilège et on y trouve matière à se flatter l’égo mais aussi, c’est en entrant au gouvernement, qu’il faut songer en sortir un jour.
Même si comparaison n’est pas raison. Rappelons – nous en France, de l’éviction tonitruante du Professeur Léon Schwartzenberg, du poste de ministre délégué à la santé, lorsque sur un plateau de télévision, il avait été présenté comme démissionnaire. Il avait rabroué le présentateur, en faisant une révélation ahurissante des pratiques du président Mitterrand, qui vous faisait signer une lettre de démission anti datée, le jour de votre entrée au gouvernement. Depuis la réplique est devenu culte : « J’ai été démissionné ».
Pourquoi croire que l’on ne peut servir le Gabon, qu’en étant membre du gouvernement ? Si nous prenons le cas D’Arnaud Engandji, c’est un intellectuel de haut vol, qui a une expérience avérée dans le secteur privé et qui aujourd’hui y a adjoint celle du service public, de par les plus hautes marches managériales.
Par contre, ce qui est absolument condamnable. C’est cette liberté de ton, dont s’arroge des individus malveillants, qui veulent en découdre avec la classe dirigeante et se font passer pour partisans de l’ex ministre. Ce dernier, qui par ailleurs a eût ce geste beau et élégant, d’envoyer un tweet de reconnaissance et de fidélité au Chef de L’Etat comme pour taire et se dissocier de ces vilenies insensées.
Et si l’on se quittait sur une interrogation qui a du sens : Arnaud a-t-il été contraint de démissionner ? Trouverions-nous la réponse en France, dans ces propos abrupts de Jean Pierre Chevènement: Un ministre ça ferme sa gueule et si ça veut l’ouvrir ça démissionne !