En pleine campagne électorale, la Tunisie organise, depuis le 7 septembre et jusqu’au 9 septembre 2019, trois soirées d’échanges télévisés entre candidats.
Par Maurice Duteil
Hormis le duel télévisé organisé en 2012 en Egypte entre les deux favoris à l’élection présidentielle, alors qualifié d’« historique« , le monde arabe n’avait jamais connu une telle opération médiatique, inédite par son ampleur. Une opération qui permet de faire débattre à tour de rôle les 26 candidats à la présidentielle sur trois soirées. Le troisième et dernier débat (les autres ayant déjà eu lieu) devrait avoir lieu le 9 septembre. Le premier tour du scrutin se tiendra le 15 septembre. On ignore encore la date du second.
Pendant deux heures et demie, debout derrière leurs pupitres, les postulants répondent à des questions tirées au sort et posées par deux journalistes modérateurs. Plus qu’un véritable débat, ils exposent leur credo en répondant dans un laps de temps rigoureusement chronométré à des questions tirées au sort, portant sur la diplomatie, la sécurité, les libertés individuelles, l’économie… Pour les deux premiers débats, il n’y a pas eu de débordement ni de « clashs ».
On note cependant un grand absent: l’homme d’affaires controversé Nabil Karoui, en prison depuis le 23 août pour blanchiment d’argent mais dont la candidature a été validée. Ce dernier s’est indigné sur Twitter de se voir « privé de son droit constitutionnel« à s’exprimer. La justice ne s’est pas encore prononcée sur l’affaire.
Le plateau, installé dans les locaux de la chaîne publique Wataniya, est organisé en forme de demi-cercle autour duquel les places des candidats ont été tirées au sort. Intitulée La route vers Carthage (ville qui abrite le palais présidentiel, NDLR). La Tunisie fait son choix, l’émission, présentée par ses promoteurs comme un « tournant » dans la vie politique tunisienne, est diffusée sur 11 chaînes de télévision et une vingtaine de radios.
Pour l’instant, aucun chiffre d’audience n’est disponible. Mais le public n’a pas boudé le rendez-vous. Et a suivi, sans décrocher, l’exercice un peu convenu de la soirée. Réunis dans les cafés comme pour la retransmission d’un match de football, ou commentant toute la soirée sur les réseaux sociaux, nombre d’électeurs ont exprimé leur « fierté ».
Certains donnent leur avis sur le résultat… du débat. L’avenir dira si le magistrat Omar Mansour a effectivement été le perdant du premier des trois débats.
Face au nombre pléthorique de candidats, aux enjeux parfois difficiles à cerner du scrutin, de nombreux Tunisiens indécis comptent sur ces soirées politiques pour se déterminer. Et ils passent au crible les prestations des candidats qui, au total, disposent d’un quart d’heure de temps de parole au cours des trois émissions.
De leur côté, les organisateurs, qui planchent depuis des semaines sur cette opération, insistent sur le caractère rarissime de l’opération. »Souvent, dans le monde arabe, quand on parle compétition, on sait qui gagne à la fin d’avance, avec 99,99%. Aujourd’hui, on ne sait pas », a réagi le représentant d’un syndicat de chaînes privées.
Il s’agit d’« une première dans l’histoire de la Tunisie et du monde arabe« , note de son côté le site tout sur l’Algérie. « Le premier débat« du 7 septembre a suscité « la fierté des Tunisiens et l’admiration des voisins des pays du Maghreb », commente TSA.