Pour la première fois depuis 12 ans, Israël doit changer de Premier ministre. Naftali Bennett, chef de Yemina, succède à Benyamin Netanyahu pour les deux prochaines années. Yaïr Lapid, artisan chevronné de la nouvelle coalition qui se met en place, est ministre des Affaires étrangères et Premier ministre alternatif.
Par Maurice Duteil
Le suspense aura duré jusqu’à la dernière minute ou presque. Yaïr Lapid, chef de Yesh Atid, chargé de former un gouvernement, avait vingt-huit jours pour y parvenir. Mercredi était sa dernière chance d’y arriver. La journée a été ponctuée d’ultimes négociations entre les différents partenaires. En début de soirée, les pourparlers se poursuivaient encore. Le crédit temps de Yaïr Lapid, qui se clôturait à 23h59, fondait comme neige au soleil.
Finalement, ce n’est que qu’une trentaine de minutes avant les douze coups de minuit, qu’il a appelé le président sortant, Reuven Rivlin – auquel succède Isaac Herzog -, pour lui annoncer qu’il avait réussi à constituer une coalition. Preuve à l’appui. Les responsables de chacun des huit partis faisant partie du futur gouvernement ont apposé leur signature sur l’accord de coalition.
Benny Gantz, le ministre de la Défense et ex-concurrent de Netanyahou pour la tête du gouvernement, en route pour Washington où il doit discuter du dossier iranien, a salué de son côté sur Twitter une »nuit de grand espoir ».
Yaïr Lapid avait été chargé début mai par le président de former un gouvernement après l’échec de Benyamin Netanyahou à rallier un gouvernement de droite au terme des élections de mars, les quatrièmes en deux ans.
Les efforts de M. Lapid étaient passés sous les radars après des violences entre manifestants palestiniens et policiers israéliens à Jérusalem-Est et dans des villes judéo-arabes d’Israël, et la guerre de 11 jours entre l’armée israélienne et le mouvement islamiste palestinien Hamas au pouvoir à Gaza.
Mais après cette escalade, les pourparlers ont repris et Yaïr Lapid a réussi à convaincre lundi le chef de la droite radicale Naftali Bennett de se lancer dans ce projet de gouvernement avec à la clé un partage du pouvoir et une rotation à la tête du gouvernement.
Statu quo dans le conflit avec les Palestiniens, relance économique, place de la religion : tout divise sur le papier la coalition hétéroclite en dehors de sa volonté de faire tomber Netanyahou, arrivé au pouvoir il y a 25 ans, de 1996 à 1999, puis reconduit à son poste en 2009, devenant le Premier ministre le plus longtemps resté en fonctions.
Jugé pour »corruption » dans trois affaires, Netanyahou est le premier chef de gouvernement israélien à faire face à des poursuites pénales en cours de mandat. Il devrait redevenir simple député et ne pourra plus user de son influence pour tenter de faire passer une loi pour le protéger de ses ennuis judiciaires.