Le démocrate, président du quartier de Brooklyn, a battu son rival républicain Curtis Sliwa. A 61 ans, Eric Adams va devoir gérer les stigmates de la pandémie de Covid dans la ville, notamment un taux de chômage deux fois plus élevé qu’au niveau national.
Par Maurice Duteil
New York ouvre une nouvelle page de son histoire politique. A l’issue d’une campagne électorale sans grand suspense, le démocrate Eric Adams a été élu maire de la ville de plus de 8 millions d’habitants, mardi soir. Un poste que la légende américaine qualifie de plus difficile après celui de président des Etats-Unis… Après avoir remporté la primaire démocrate en juillet devant une dizaine d’autres candidats, l’ancien policier du NYPD et président du quartier de Brooklyn depuis 2013, a battu le candidat républicain Curtis Sliwa.
A 61 ans, Eric Adams est le deuxième Afro-Américain à être élu maire de New York, après David Dinkins entre 1990 et 1993. Né à Brooklyn dans un foyer modeste, entré dans la police pour, dit-il, la réformer de l’intérieur après avoir subi racisme et violence, il a fait une campagne au centre, offrant une image de fermeté à l’égard du crime, qui a rebondi depuis le début de la pandémie de Covid-19.
L’ancien sénateur de l’Etat de New York (de 2006 à 2013) a surtout axé son discours et ses propositions en direction la classe moyenne, dans une posture de pragmatisme. La manière dont il entend gérer la ville pendant son mandat de quatre ans, à partir du 1er janvier, reste toutefois une interrogation, avec un élu qui cultive une discrétion confiant parfois au mystère. Pendant la campagne, Eric Adams a notamment dû assurer aux médias, visite à l’appui et sans les convaincre complètement, qu’il résidait bien à New York et non dans l’Etat voisin du New Jersey.
Côté républicain, l’état-major n’a pas misé sur un candidat qui puisse l’emporter. A 67 ans, Curtis Sliwa, animateur radio et fondateur d’une association de sécurité urbaine (« Guardian Angels »), a joué jusqu’au bout une partition très décalée, avec son éternel béret rouge et sa passion pour les chats. Mardi, il est d’ailleurs venu avec l’un de ses dix-sept chats à son bureau de vote d’Upper West Side, le bras en écharpe après avoir été heurté par un taxi quelques jours plus tôt.
Les républicains ont pourtant longtemps été en mesure de l’emporter à New York . L’avocat Rudy Giuliani a dirigé la ville entre 1994 et 2001, avant que Mike Bloomberg, fondateur de l’agence financière éponyme, ne lui succède jusqu’en 2013.
Le démocrate Bill de Blasio, qui ne pouvait pas se représenter après ses deux mandats, laisse un bilan mitigé, qui plus est bouleversé par la pandémie et par une relation exécrable avec le gouverneur de l’Etat Andrew Cuomo (qui a dû démissionner sur fond d’accusations d’harcèlement sexuel). Les finances de la ville ne sont toutefois pas en aussi mauvaise posture que redouté.
Les recettes fiscales, meilleures que prévu, et les aides fédérales ont fait grimper le budget 2021 de la ville (clos fin juin) à 99 milliards de dollars, contre 87 milliards initialement prévus, selon les dernières données du contrôleur financier de la ville. L’élection d’un républicain comme gouverneur de Virginie, un camouflet pour Joe Biden.
Sur le front social, en revanche, la situation est encore loin d’être revenue à la normale et la ville attend beaucoup de la réouverture des frontières américaines aux visiteurs étrangers, à compter du 8 novembre. A 9,8 % en septembre, le taux de chômage à New York est encore le double de celui enregistré au niveau national. Et avec 3,6 millions d’emplois privés en septembre, il manque toujours près d’un demi-million de postes pour retrouver le niveau d’avant-crise, notamment dans l’hôtellerie et la restauration.