Plus de 300 paramilitaires et soldats russes seraient désormais déployés au nord de Bamako.
Par David B. Hauce
Il n’y a désormais plus aucun doute. Les mercenaires russes affiliés à la société privée Wagner sont en train de se déployer au Mali, et plus particulièrement dans le centre du pays. Alors qu’à la veille de Noël ils étaient évalués à seulement une quarantaine d’individus cantonnés sur une base aérienne adossée à l’aéroport de la capitale, Bamako, leurs effectifs atteindraient désormais entre 300 et 350 hommes, qui ont progressé jusqu’à Tombouctou, selon plusieurs sources françaises et locales.
C’est à l’occasion de la déflagration d’un engin explosif au passage d’un véhicule, puis d’un affrontement avec des djihadistes, que la présence de ces paramilitaires a été identifiée dans le centre du pays. Cette attaque aurait eu lieu le 3 janvier au sud de Mopti, entre Bankass et Bandiagara, faisant plusieurs morts côté djihadistes et au moins un blessé du côté du groupe Wagner. Un bilan qui se serait alourdi, jeudi 6 janvier, à au moins un mort et deux blessés chez les Wagner, selon nos informations.
A ce stade, il reste néanmoins des ambiguïtés sur le statut de ce contingent : une partie pourrait être de simples militaires russes. Mais conformément à ses habitudes, Moscou garde le silence tandis que les autorités maliennes continuent de nier tout contrat avec le groupe Wagner. Le 5 janvier, l’armée malienne a seulement confirmé que des »soldats russes » étaient arrivés à Tombouctou. Fin décembre 2021, un porte-parole du gouvernement de transition avait aussi expliqué que des »instructeurs russes » étaient présents au Mali.
La proportion grandissante d’effectifs liés au groupe Wagner au Mali est toutefois certaine, affirment les sources interrogées. »Cela ne fait aucun doute que le tapis roulant avance avec de plus en plus de monde dessus », précise l’une d’elles, évoquant désormais »une empreinte significative ».
Comme ils l’ont déjà fait en République centrafricaine, c’est dans l’accompagnement au combat des Forces armées maliennes (FAMa) que les 300 à 350 russophones identifiés pourraient désormais être impliqués – principalement à Ségou, Mopti et Sévaré, où leur nombre atteindrait environ 200. Quelques dizaines d’hommes seraient aussi déployés à Tombouctou.
Une zone où sont présents les casques bleus de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), ce qui pose directement le problème de la cohabitation entre ces deux forces internationales aux objectifs, principes et règles d’engagement très différents.