Yokohama, le grand port méridional du Japon, accueille depuis 2008 la Conférence internationale de Tokyo sur le développement en l’Afrique (TICAD). La troisième économie mondiale cherche des relais de croissance sur le continent et entend ne pas laisser tout le terrain au rival chinois.
Par Maurice Duteil
Plusieurs chefs d’États et de gouvernements africains sont attendus pour le 7e TICAD (Tokyo International Conference on African Development), qui aura lieu du 28 au 30 août 2019. Les TICAD sont organisées sous la houlette du Japon et des Nations Unies, du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), de la Banque mondiale et de l’Union africaine. « Faire progresser le développement de l’Afrique à travers les hommes, la technologie et l’innovation »: tel est le thème de l’édition 2019.
Le Japon a inauguré des « rencontres de haut niveau » avec l’Afrique dès 1993, à un moment où l’Afrique attirait moins les investisseurs. Depuis, Chinois, Américains, Européens et Turcs rivalisent pour prendre leur part dans ce continent en plein essor.
Alors que l’argent y afflue de toute part, le Japon y est largement distancé par son grand rival chinois. Résultat: les autorités nippones encouragent désormais leurs grandes entreprises à y investir massivement. L’organisation japonaise du Commerce extérieur, Jetro, est aujourd’hui présente dans 18 pays africains.
Les zaibatsus (multinationales japonaises) abordent souvent le continent à partir de leurs filiales française ou britannique. Et ce dans la mesure où la langue japonaise n’est pas très usitée au sud de la Méditerranée.
Le commerce Japon-Afrique, le développement de la riziculture, les « villes intelligentes, l’investissement dans les secteurs de l’infrastructure et de l’énergie » font partie des thèmes qui seront abordés durant trois jours à Yokoyama.
Yokohama est un port historiquement ouvert sur le grand large et est le moteur de cette coopération avec l’Afrique. Une rareté au pays du Soleil levant ou la culture insulaire semble assez peu tournée vers le continent noir.
La coopération a déjà quelques résultats concrets à son actif, comme l’accueil de 574 stagiaires venus de 47 pays africains pour un enseignement dans le domaine de l’approvisionnement en eau.
« Nous avons mis en place le projet d’échange d’élèves d’écoles primaires et secondaires appelé ‘Une école, un pays’, qui créé des liens entre les pays africains et 80 écoles de Yokohama. Nous renforçons également notre collaboration sur le thème de la promotion de la femme », a par ailleurs expliqué la maire de Yokohama, Fumiko Hayashi lors d’une réunion préparatoire.
Depuis 2017, une plateforme africaine des villes propres a été lancée en collaboration avec la JICA (Japan International Cooperation Agency) pour travailler dans le domaine de la gestion des déchets.
Pour ne pas trop se faire distancer par le concurrent chinois, le Japon met en avant son savoir-faire dans la « construction d’infrastructures de qualité ». Et insiste sur le mot « qualité ». Il met aussi en avant la gestion urbaine, un savoir-faire qui intéresse les grandes villes africaines, en voie de saturation.
Depuis le lancement de la première TICAD en 1993, le montant total de l’aide publique au développement (APD) mise en œuvre par Tokyo s’est élevé à 47 milliards de dollars. On est encore très loin des 60 milliards de dollars annuels promis par Pékin à l’Afrique.
Pour signifier toute l’importance que le Japon accorde au continent, la précédente édition d’août 2016, TICAD VI, avait été délocalisée au Kenya, et le Premier Ministre Shinzo ABE avait fait le déplacement à Nairobi. Tokyo avait alors annoncé 30 milliards de dollars d’investissements pour une période de trois ans. 30 milliards consacrés aux infrastructures (routes, ports, centrales électriques), mais aussi à l’amélioration des systèmes de santé. Les projets promis ont été réalisés.