La crise post-électorale issue de législative du 28 Avril 2019, plonge le pays dans une sphère de violence et il faut craindre que l’irréparable ne produise. L’opposition, ayant exclu du jeu électoral par le Président Talon ne se résout pas à laisser les choses en l’état. La crise politique se mue peu à peu en insurrection.
Par Maurice Duteil
On pouvait penser que ce n’était qu’une saute d’humeur inappropriée du Président Talon en maintenant maladroitement un cordon de sécurité autour de la résidence Yayi Boni et en empéchant ce dernier de recevoir les soins urgents que requiert sa santé. Nous sommes hélas au-devant d’une situation dramatique qui depuis quatre jours laisse éclater des échauffourées entre l’armée et les manifestants dans le centre du Bénin. La situation demeure toujours très tendue à Savè et à Tchaourou, ville d’origine de l’ancien président Boni Yayi, dans le centre du pays.
« Les forces armées sont présentes partout dans la commune et sur la route principale entre Tchaourou et Parakou, pour essayer de dégager les barricades » mises en place par des manifestants pro-Yayi. L’armée tire à balles réelles. Les violences sont extrêmes.
On dénombre plusieurs éléments de l’armée blessés et admis dans un hôpital à Parakou, la plus grande ville du nord du pays. Aucune information officielle n’est disponible sur le bilan des affrontements. Des photos et des vidéos de manifestants blessés ainsi que de soldats circulaient sur les réseaux sociaux, faisant état de très fortes altercations sur la route principale, bloquée par les manifestants.
Cette crise politique qui risque d’embraser le Bénin, découle des élections législatives du 28 avril 2019, auxquelles l’opposition n’avait pas été autorisée à présenter de candidats pour des raisons dites administratives. A la suite de cela, l’ancien président Yayi Boni, avait appelé la population à se soulever en signe de protestation et appelé le chef de l’Etat, Patrice Talon à annuler le processus électoral.
Le choix systématique fait par le pouvoir est la répression des manifestations par l’armée et à ce jour on enregistre déjà au moins quatre morts par balles selon Amnesty International et cela marque malheureusement un tournant dans l’histoire du Bénin, considéré comme un exemple démocratique en Afrique de l’Ouest depuis trente ans.