Avec By’Recycl, la malienne Coumba Diakité transforme les pneus usagés. Une idée prometteuse, tant le vieux caoutchouc pollue les rues de Bamako.
Par David B. Hauce
Coumba Diakité a fait sienne cette phrase attribuée au chimiste Laurent Lavoisier, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. En effet, depuis dix-huit mois cette sentence que la jeune Malienne n’applique pas aux solutions des éprouvettes, mais aux pneus usagés dont elle a fait sa matière première, notamment pour la fabrication de canapés et de fauteuils.
En 2012, elle rentre de Tunisie, une licence d’informatique et gestion en poche, décroche un emploi salarié temporaire, avant de se marier. Si, jusque-là, elle reste sur l’autoroute dont a rêvé pour elle sa famille, celle d’un emploi en col blanc dans un bureau climatisé, c’est pendant sa première grossesse qu’elle prend le premier chemin de traverse en s’ouvrant à l’environnement.
« J’aime apprendre », confie celle qui s’ennuyait un peu à la maison en attendant l’arrivée de son premier enfant et s’inscrivit à un MOOC – ces cours en ligne ouverts à tous – de l’université de Laval, au Québec, sur les enjeux du développement durable. Cette formation et la naissance de son bébé agissent comme un révélateur et lui donnent envie de changer son environnement direct. « Franchement, comment aurais-je pu continuer à supporter qu’on brûle les déchets autour de moi au risque d’empoisonner tout le monde ?, demande-t-elle aujourd’hui. Comment peut-on laisser polluer cet air qu’on respire tous, sans rien dire ? Comment peut-on détruire ainsi la planète qu’on laissera à nos enfants ? »
Une fois que ces questions se sont imposées à elle, la jeune maman sait qu’elle a trouvé sa voie. Consciente que le gouvernement malien ne peut pas tout faire et que chaque citoyen doit aussi se battre contre le non-retraitement des déchets, elle s’investit corps et âme dans la lutte contre la dégradation de l’environnement. « Je commence à travailler sur ma ville et mon pays, mais je sais que l’enjeu est plus large et que mes réponses pourront ensuite s’appliquer ailleurs », dit-elle avec fierté et détermination.