La semaine madrilène pouvait-elle s’achever autrement ? Après la victoire de Roberto Bautista Agut contre Felix Auger-Aliassime, Rafael Nadal s’est chargé d’apporter à l’Espagne le point du sacre. Le numéro un mondial a pris le dessus sur un Denis Shapovalov pourtant accrocheur (6-3, 7-6), notamment dans une 2e manche magnifique. C’est le 6e Saladier d’argent pour le tennis espagnol.
Par Clinton Mombo
C’était écrit. Idéalement lancée dans la finale dimanche par le succès de Roberto Bautista Agut dans le premier simple, l’Espagne s’est adjugée à domicile la nouvelle formule de la Coupe Davis dimanche contre le Canada. Et qui de mieux que le numéro 1 mondial lui-même pour apporter le point de la victoire à tout un peuple ? Rafael Nadal a ainsi conclu une semaine parfaite sur le plan personnel en s’imposant face à Denis Shapovalov (6-3, 7-6) en près de deux heures de jeu (1h55 exactement), enregistrant son 8e succès dans ce nouveau format (5 en simple, 3 en double).
Comment pouvait-il en être autrement ? Déjà héroïque en quart et en demi-finale, le « Taureau de Manacor » a eu le dernier mot pour offrir le Saladier d’argent à l’Espagne devant le public madrilène conquis de la Caja Magica. C’est la conclusion rêvée d’une saison remarquable pour Rafael Nadal, titré en Grand Chelem à Roland-Garros et à l’US Open, et numéro 1 mondial en fin d’année pour la 5e fois de sa carrière. Il a d’ailleurs essuyé des larmes de joie, en écoutant le discours après la victoire de son coéquipier Roberto Bautista Agut, endeuillé par le décès de son père. L’âme de la Coupe Davis était donc bien présente dimanche pour une équipe d’Espagne championne à domicile.
Et pour que l’émotion soit si forte, il a fallu une réelle opposition sur le court. Car même si cette finale n’a pas connu de double décisif, Denis Shapovalov s’est montré globalement à la hauteur de l’événement. Dans une ambiance hostile, le Canadien a d’abord eu du mal à résister à la furia espagnole. Après avoir sauvé des balles de break sur ses deux premiers jeux de service, il a cédé sur le troisième et n’a pas pu refaire son retard, abandonnant le premier set (6-3).
Comme depuis le début de la semaine, Nadal s’est, de son côté, montré intraitable sur son engagement (69 % de premières balles, 82 % de points gagnés derrière, 7 aces pour une double faute) qu’il n’aura donc pas cédé une seule fois dans la compétition. Mais il a été un peu plus chahuté dans le second set et a même dû écarter une balle de break à 3-2 contre lui. Shapovalov a donné moins de points et a trouvé plus de longueur à l’échange. Sa puissance et son explosivité ont fait reculer son adversaire qui s’est fréquemment retrouvé à 30/30 voire mené 15/30 sur ses jeux de service. Mais le Majorquin a tenu bon dans ce duel de gauchers.
Les deux joueurs ont logiquement dû se départager dans un tie-break riche en rebondissements. Mieux parti, Shapovalov a gaspillé son avance (36 fautes directes en tout) pour finalement se retrouver face à deux balles de match à 6 points à 4. Et sur la première, alors que le public était prêt à exulter, le Canadien a décoché un sublime passing de coup droit le long de la ligne pour réduire la Caja Magica au silence. Deux points de service gagnés plus tard, il a même obtenu une balle d’égalisation à un set partout.
Beaucoup auraient été ébranlés par pareil renversement de situation. Pas Nadal. Le Majorquin s’est totalement reconcentré et a fini par l’emporter, s’effondrant sur le dos comme lors de ses plus belles victoires. Le numéro 1 mondial et ses coéquipiers auront frissonné jusqu’au bout lors de cette semaine où tout un peuple les a portés. Gagner une Coupe Davis à domicile procure donc toujours autant d’émotions, il est dommage que cet honneur ne soit plus réservé qu’à un seul pays.