La décision est tombée hier soir. Le Conseil de paix et sécurité de l’Union africaine suspend le Soudan jusqu’à l’installation d’une autorité civile qui organisera et conduira la transition. C’est là, la manifestation concrète visant les putschs et les coups d’Etats selon l’application stricte des textes de l’Union Africaine.
Par Maurice Duteil
Le trente Avril dernier à Tunis, c’est au cours d’une réunion du conseil de paix et de sécurité de l’Union Africaine que la décision de donner au Conseil militaire de transition un délai courant sur 60 jours avait été adoptée afin que ce dernier transmette la gestion de la transition à une autorité civile. Dans un communiqué daté du jeudi 06 Juin 2019 l’Union Africaine tient à souligner et à enlever toute équivoque sur les termes de la résolution prise à Tunis. Pour le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine le délai consenti était ce mois de juin. Il ne s’agissait pas de donner 60 jours, mais d’accorder une tolérance jusqu’à 60 jours aux militaires pour rendre le pouvoir aux civils. Cette nuance est importante et déterminante pour la suite.
Elle indiquait clairement que le Conseil de paix et de sécurité pouvait agir si besoin en était. Et c’est le cas, notamment avec la violente évacuation du sit-in de Khartoum lundi 3 juin, et la répression qui a suivi depuis. Des violences condamnées « fermement » par l’organisation. Elle mandate sa Commission des droits de l’homme et des peuples et le président de la Commission de l’Union, Moussa Faki Mahamat, pour faire des « propositions concrètes » afin d’enquêter et de situer le niveau d’implication et de responsabilité des uns et des autres.
A titre de rappel, le Conseil de paix et de sécurité renouvelle pour la quatrième fois depuis le 15 avril la nécessité de remettre le pouvoir à une autorité sous conduite civile. Les militaires doivent le faire sans plus de délai, faute de quoi ils s’exposent à des sanctions. Selon les textes de l’UA, cela peut être des interdictions de visa ou des mesures commerciales. L’accentuation des sanctions peut être graduée selon l’appréciation des experts de l’Union Africaine.
Faute de s’être exécuté à temps, le Soudan est donc suspendu de toutes les activités de l’Union africaine. L’organisation va travailler avec sa petite sœur sous régionale, l’IGAD, pour ramener tout le monde à la table des négociations. Les militaires entre eux ne font pas preuve d’une grande cohésion. Les différentes composantes sont hétéroclites et une implosion interne n’est pas à écarter. Il est urgent que tous les acteurs de la scène Soudanaise reviennent autour de la table de négociation.