Huit pays d’Afrique demandent à l’Union européenne et au Japon, derniers pays à l’autoriser, d’interdire tout commerce d’ivoire sur leurs territoires.
Par David B. Hauce
Le Japon est tout particulièrement dans le collimateur des défenseurs des éléphants. Le commerce domestique de l’ivoire y est florissant. En cause, des stocks constitués au lendemain de la Seconde guerre mondiale. Puis des achats ont été autorisés par les instances internationales à la fin du XXème siècle. Notamment un achat de 50 tonnes en 1999 en provenance du Zimbabwe, du Bostwana et de la Namibie.
Un besoin lié à une tradition millénaire : le hanko. C’est un sceau officiel, enregistré, qui vaut signature. Les Japonais en sont friands et l’utilisent en toutes occasions, triviales ou au contraire très officielles. Ainsi, parmi ces sceaux, le jitsuin possède la plus haute valeur juridique. « Il est nécessaire pour l’achat d’un bien immobilier, contracter un prêt ou rédiger un testament ». Le jitsuin n’est pas un gadget, et est l’objet d’une attention toute particulière. Il est réalisé en matière noble, et tout particulièrement en ivoire, considéré comme un porte-bonheur.
80 % des stocks japonais d’ivoire passeraient dans la confection de ces sceaux, selon le site Japanisation.org. La campagne je ne choisis pas l’ivoire a été lancée en 2019 afin de sensibiliser les Japonais à la confection des hanko dans un autre matériau.
Tolérer ce commerce national créerait un appel d’air pour le trafic, estime la David Shepherd Wildlife Foundation (DSWF) : « Le maintien d’un marché de l’ivoire crée des opportunités de blanchiment d’ivoire illégalement acquis, pose des problèmes de suivi et d’application (…) et compromet les interdictions dans d’autres pays en fournissant un débouché alternatif aux fournisseurs et trafiquants ».
Les défenses d’éléphant tout comme les cornes de rhinocéros à l’état brut sont interdites à la vente en France. Si le commerce intérieur de l’ivoire est encore possible, il ne peut porter que sur des objets confectionnés avant le 2 mars 1947. « C’est au possesseur de l’objet composé d’ivoire ou de corne, de justifier de son ancienneté par tout moyen d’expertise et si besoin, par radio-radiation », explique Renaud Bernard
Le commerce d’ivoire en France semble donc être très limité et étroitement surveillé.
Le commerce international de l’ivoire est interdit depuis 1989. Pourtant, cela ne suffit pas aux yeux de certains pays et d’ONG, tandis que se tient à Genève la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES). Car malgré cette interdiction, le trafic, et donc le braconnage, se poursuivent. Un braconnage responsable, selon le WWF, de deux décès d’éléphants d’Afrique sur trois.