L’initiative lancée par l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation vise à faire baisser la température des villes, notamment au Sahel.
Par David B. Hauce
Faire baisser la température des villes, réduire les frais de climatisation et les eaux de ruissellement, mieux filtrer la poussière et les polluants : l’ONU lance un vaste plan de développement de forêts urbaines dans une trentaine de pays, en Afrique et en Asie, d’ici à 2030. Le directeur général de l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO), Qu Dongyu, a annoncé cette semaine à New York le lancement de cette initiative, baptisée « Une Grande Muraille verte pour les villes », en parallèle du Sommet action climat.
La FAO dans un communiqué a indiqué que : La FAO et ses partenaires souhaitent soutenir des projets dans ‘’30 pays’’ situés en Afrique et en Asie, à raison d’ ‘’au moins trois villes par pays’’, de façon à créer « d’ici à 2030 jusqu’à 500 000 hectares de nouvelles forêts urbaines et de maintenir près de 300 000 hectares de forêts’’ déjà existantes, notamment au Sahel.
Lorsqu’ils sont bien gérés, les arbres et forêts urbaines ‘’peuvent contribuer à réduire la température de l’air de 8 °C, à réduire de 40 % les frais associés à la climatisation et à améliorer la qualité de l’eau’’, ajoute l’organisation, soulignant que la proportion de personnes vivant dans les villes atteindra presque 70 % d’ici à 2050, la croissance se manifestant surtout en Afrique et en Asie.
La FAO travaille avec huit partenaires, scientifiques, ONG ou urbanistes : le Royal Botanic Gardens Kew ; la Société italienne de sylviculture et d’écologie forestière ; le cabinet d’architecture italien de Stefano Boeri, auteur de ‘’forêts verticales’’ à Milan ; le Centre de recherche chinois sur la foresterie urbaine ; le groupe C40, qui regroupe des grandes villes luttant contre le réchauffement climatique (dont Paris) ; l’ONG américaine Arbor Day Foundation ; l’ONU-Habitat, basé à Nairobi ; et l’ONG Cities4Forest.
Simone Borelli, spécialiste des forêts urbaines à la FAO a déclaré que : Il faut planter les bons arbres aux bons endroits et on peut obtenir des résultats très intéressants et choisir des plantes adaptées au climat local. A l’appui, il cite les vastes projets de reforestation en cours à Addis-Abeba, en Ethiopie.
La FAO attire l’attention sur le besoin de justice environnementale. M. Borelli a souligné que : En Ethiopie, on a montré qu’entre les quartiers riches arborés et les quartiers pauvres dénudés, il pouvait y avoir jusqu’à 10 °C de différence de température. Idem en Afrique du Sud, entre quartiers riches et bidonvilles.
Il précisé que : Notre idée est de constituer un fonds alimenté par différents bailleurs pour que les villes puissent demander un appui technique et financier. La FAO estime à 1,5 milliard de dollars (1,36 milliard d’euros) le besoin en financement pour couvrir les 800 000 hectares. L’un des modèles cités est le projet, lancé par l’Union africaine, de grande muraille verte en Afrique et au Sahel, mais aussi des actions contre la désertification à Haïti et à Fidji financées par l’Union européenne.
Une conférence régionale sur les forêts urbaines est prévue en novembre à Bogota, en Colombie. Et la deuxième conférence internationale sur le sujet devrait avoir lieu en 2022 en Chine, après la première édition qui s’est tenue à Mantoue, en Italie, fin 2018.